Ceux qui connaissent un petit peu David Snug – que ce soit à travers ses bandes dessinées, son blog ou son groupe de musique Trotski Nautique – savent que le travail c’est pas trop son truc ! Dans cette nouvelle bande dessinée, il revient sur son parcours, depuis son année de Terminale jusqu’au moment où il quitte le salariat, en passant par ses années d’étudiant puis comme d’ouvrier en intérim dans diverses entreprises.
Très tôt attiré par le dessin, et après de bons résultats en arts plastiques à son bac F12 (Arts appliqués), David Snug (qui n’est encore que le jeune Guillaume Cardin) décide d’aller en fac à Rennes afin de poursuivre ses études dans cette voie. Un DEUG en poche, il enchaîne les petits boulots en usine pour se rendre très vite compte de l’absurdité du monde du travail : d’abord dans une fabrique de camemberts, puis ensuite chez Moulinex où il emballe des friteuses, puis chez Renault où il pose des bavettes de camion. Il travaillera ensuite en MJC, pour Pôle emploi et aussi en collège comme il le raconte dans sa BD Ça c’est mon Jean-Pion.


Dans ce livre comme déjà dans les précédents, il évoque avec beaucoup d’humour la question du déterminisme social, mais également le monde kafkaïen qu’est celui du travailleur à la chaîne ou celui du chômeur de longue durée confronté sans cesse aux exigences totalement absurdes de Pôle Emploi et des boites d’intérim.
Revenus de toutes ces expériences peu convaincantes, et conscient que le monde du travail n’était vraiment pas fait pour lui, David Snug décide, peu de temps après avoir passé la trentaine, de dire adieu au salariat et de consacrer tout son temps à la bande dessinée et à la musique.


Pour évoquer son parcours, il se met en scène cette fois aux côtés de son double adolescent, à qui il raconte ce qu’il va vivre au cours des années à venir.
Comme toujours chez David Snug, on rit beaucoup, on lit des choses criantes de vérité, on envie par moment cette forme de liberté qui est la sienne, et surtout on comprend bien son point de vue sur la question du travail.
À la manière des auteurs de Comics américains (Joe Matt, Adrian Tomine, Harvey Pekar, Derf Backderf…), qui ont fait de leur vie la plus intime des bande dessinées absolument géniales, David Snug, avec un style et un humour absurde bien à lui, se montre plus que jamais en fin observateur de notre époque, capable en quelques cases, de manière simple et claire, de proposer une réflexion sur ce quotidien aliénant avec lequel on doit composer chaque jour sans trop se poser de questions.


Et si vous n’êtes pas totalement convaincu par le récit en bande dessinée de l’auteur de Je n’ai pas de projet professionnel vous pourrez toujours lire, à la fin du livre, et en quelques pages, une critique sur le travail rédigée par le sociologie Julien Bordier, et profiter également d’une bibliographie complète traitant du monde du travail.
Et pour aller encore plus loin, vous pourrez aussi visionner les excellents films de Pierre Carles « Volem rien foutre al païs » (2007) qui faisait suite à « Attention danger travail » (2003).
https://www.benzinemag.net/2020/03/17/depot-de-bilan-de-competences-quand-david-snug-dit-adieu-au-salariat/

BenoitRichard
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le 17 mars 2020

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Ben Ric

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