Mon cul était la porte d'entrée d'un autre monde

"Monsieur, ça va fermer." Le vigile black de la bibliothèque des Champs Libres voulait me dégager des lieux et n'ayant que 20 secondes, je pris le volume d'Ed the Happy Clown uniquement parce que le nom de "Chester Brown" me disait vaguement quelque chose (je l'identifiais dans ma tête à Daniel Clowes, Joe Matt, Seth et les autres... ma mémoire fonctionne bien.) Et j'ai bien pioché.

Ca fait plusieurs fois en quelques mois que je lis sans le savoir des "1er récits", souvent parus dans des fanzines ou des comics-books amateurs pour être publié en récits : J'avais lu "Comme un gant de velours pris dans la fonte" et "Eightballs" de Clowes ainsi que quelques bds de Crumb.

Et pour un premier récit, celui-ci est particulièrement grandiose. Ca part dans tous les sens sous forme de zig-zag : a chaque fois qu'un élément devient trop absurde, Brown nous donne une justification dans le récit et à chaque fois que le récit part sur des rails trop prévisible, une péripétie arrive. On distingue assez bien qu'au départ, les histoires n'avaient aucun rapport entre elles et étaient destinées au "One Shot" mais à l'instar d'un "Lapinot et les Carottes de Patagonie" le récit se met à prendre de la consistance et à avoir un univers bien à lui, dans lequel les gens chassent des pigmées mangeurs de rat, où les policiers portent des masques et où la phrase qui sert d'introduction à cette critique a VRAIMENT du sens. C'est parfois scato, sexuel, gore mais extrêmement barré et faisant preuve d'une grande créativité.

De plus, le récit est augmenté des notes finales de Brown sur son travail qui sont vraiment passionnantes : on y apprend l'état de la bande dessiné à l'époque et à quel point cette bd, écrite de 1982 à 1989 à été marqué à la fois par son passage d'amateur à professionnel et son passage de post-ado à jeune adulte émotionnellement (mais Brown à l'air d'être très affecté par ses aventures amoureuses, si l'on en croit ses autres bds.)

Je recommande fortement (et à lire sur les toilettes, ça provoque un sentiment assez étrange.)
le-mad-dog
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le 21 oct. 2014

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