Le maitre de l'horreur
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le 3 janv. 2021
Tout d'abord, bravo aux éditions Delirium pour leur travail très intéressant autour de ces magazines Eerie & Creepy (magazines pulp des années 1960-70-80, publiés par l'éditeur James Warren qui ont vu défiler des dessinateurs de bon, voire de très bon niveau, en matière de fantastique et d'horreur)!
Le recueil qui fait l'objet de cette critique se concentre, quant à lui, sur un de ces auteurs (que j'avoue avoir découvert à cette occasion), Bernie Wrightson, qui fut a priori un pilier de ces magazines, en particulier dans les années 1970 (d'ailleurs, quasiment la moitié de l'ouvrage est constituée de couvertures / frontispices conçus pour les deux magazines cités en introduction. Il est clair que l'esthétique de Bernie Wrightson, très élégante et largement tournée vers le style gothique, était extrêmement influencée par le mouvement pulp de manière générale et qu'elle convenait comme un gant à la ligne éditoriale de ces magazines. On devine que l'auteur avait été à coup sûr biberonné à des magazines comme Tales from the crypt dès les années 1950.
Pour un revenir précisément sur les différentes histoires présentes dans ce recueil, il faut souligner que l'ensemble est plutôt de bon niveau, voire excellent pour certaines des histoires proposées.
Dans cette dernière catégorie, il faut citer 2 histoires originales scénarisées par Bruce Jones: la première, Jenifer (assez brillamment adaptée par Dario Argento pour la première saison des Maîtres de l'horreur) sait installer une ambiance particulièrement dérangeante et malsaine, en n'hésitant pas à instiller une dimension/une tension sexuelle au cœur de l'histoire (d'autant plus agréablement surprenante que les pulp publiés par Warren s'avèrent généralement plutôt "prudes" dans ce domaine); un must-read / must-see (pour ceux qui se tourneront vers la version de Argento). La seconde, Country Pie brille surtout pour son retournement de situation final réussi, et là encore par une bonne utilisation de la tension sexuelle par le scénariste dans la dynamique de son récit.
Deux adaptations de récits d'horreur classiques ressortent également, avec une version très élégante du Chat noir de Poe, ainsi, plus original, que l'adaptation d'une nouvelle de Lovecraft (Cool air) qui, par sa représentation d'une science dévoyée et avec des éléments tirant vers la body-horror, semble annoncer les meilleures productions de Junji Ito en ce domaine.
A côté de ces pépites, d'autres histoires se révèlent également plutôt réussies, je pense à la belle nouvelle gothique Clarice (encore scénarisée par Bruce Jones!) qui nous montre la retrouvaille de deux amants d'outre-tombe, ou à The laughing man, au récit archétypal pour ce type de magazines avec des explorateurs partant en Afrique à la recherche de singes légendaires, ou à The Pepper lake monster, ou au Muck monster qui rappelle par bien des aspects l'univers de Frankenstein (qui sera d'ailleurs exploré plus tard par Bernie Wrightson), ou encore à l'histoire Nightfall aux développements amusants avec des parents qui refusent de croire leur fils qui leur assure qu'il y a des monstres dans sa chambre.
Au final, seules trois histoires s'avèrent largement dispensables: Dick Swift and his electric power ring, qui s'essaie sans grande réussite à un fantastique onirico-poétique, A Martian saga, qui malgré une proposition graphique intéressante avec des cases tout en hauteur ne débouche malheureusement pas sur un récit très intéressant, et à la conclusion un peu grotesque, et surtout Reuben Youngblood: private eye!, histoire de détective j'imagine (j'espère!) semi-parodique, mais qui tombe totalement à plat par manque d'humour et d'un récit cohérent et digne de ce nom.
Pour conclure, nous avons donc là affaire à un recueil des plus intéressants, qui nous permet de découvrir dans de bonnes conditions un auteur au trait (à "la patte") vraiment distinctif et racé. Surtout, la plupart des histoires sont de qualité, avec de vraies pépites dans le lot, le tout se révélant moins hétérogène que les autres recueils anthologiques publiés précédemment par Délirium à partir du fond Eerie & Creepy. Je vous le conseille donc si vous avez l'occasion de le lire et/ou si vous êtes particulièrement intéressés par le mouvement pulp et son héritage.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes lectures BD 2018 et J'aime pas les comics, mais ça j'aime bien...
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le 8 déc. 2018
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