Ric Hochet, c’est plus que de la BD, c'est une époque (faut avoir été môme dans les années 70 ou 80 pour comprendre), c'est un mode de vie (ah ... les samedis après-midi passés à arpenter les rayonnages, les bacs des médiathèques, pour y dénicher les bouquins ou les bd avec lesquels on allait repartir ...) et surtout une religion : quand on est môme, on est soit Tintin, soit Spirou et donc soit Dargaud/Lombard, soit Dupuis ... et moi j’étais Lombard à mort, et encore plus Ric Hochet à mort ...
Ric Hochet, faut être lucide : il faut découper la série en 2 : les 49 premiers albums et tous ceux qui suivent ou presque. Pendant 49 albums, tout est magique : le dessin, l’atmosphère, les scenarii ... après tout part en sucette ... mais ceci est une autre histoire ...
Et ce volume "épitaphe pour ric hochet" incarne à merveille ce qu’est un bon "ric hochet" :
- une couverture : ça, les auteurs actuels semblent l’avoir oublié ou avoir perdu la recette magique, mais une BD, ça commence avec une couverture qui est censée te taper dans l’oeil, te donner envie, ... mais qui est censée aussi être une oeuvre d’art à elle seule. Comment oublier "Tintin au Tibet", comment ne pas citer "Toutes Les Larmes De L’Enfer" (XIII), comment ne pas évoquer "SOS Météores" ou "La Marque Jaune" ... et à elle seule, la série des Ric Hochet compte quelques monuments : celui-là donc, mais aussi La Maison de la Vengeance, Ric Hochet contre Sherlock, Ric Hochet contre le Bourreau, les Spectres de la Nuit, Alerte Extra Terrestres, La Mort Noire ...
- un scénario : AP. Duchateau a été (il n’est pas mort mais malheureusement ce n’est plus ce que c’était) un grand scénariste de BD policières capable de faire une alchimie parfaite à base d’une histoire solide, de retournements de situation, de personnages charismatiques, de meurtres, de éléments fantastiques ... le tout avec une crédibilité jamais prise en défaut,
- un dessin : Tibet a été (lui en revanche ...) un grand dessinateur, capable de dessiner à la fois une série humoristique et légère (Chick Bill) et une série sérieuse et presque glaçante (Ric Hochet, donc, avant sa chute, et son évolution vers une série plus légère et mille fois plus décevante). Ric Hochet à la grande époque, c’est l’illustration parfaite de l’Angoisse avec un grand A en BD : des personnages réalistes, des décors magnifiques, des ambiances (nombreuses scènes de nuit notamment), de l’action parfaitement retranscrite, bref une mise en scène et en images digne des meilleurs polars Belmondo (l’Alpagueur, Peur sur la Ville, l’Héritier) avant que celui ne nous fasse du Bébel ...
Voilà, même si c’est une BD d’une autre époque (pas de sexe, des histoires indépendantes, pas de spin-off), il faut lire et relire Ric Hochet !