Je n'irais pas par 4 chemins, non, après avoir lu tous les volumes, Happy n'est PAS un manga extraordinaire et loin d'être un chef d'oeuvre (contrairement à "Monster" ou "20th Century Boys") C'est même un manga de sport relativement classique et relativement cliché qui est sauvé par le trait d'Usawara, son humour (parfois un peu lourdingue) et par la maîtrise du récit. Car l'auteur connaît super bien son matériel.
Voilà, si vous voulez faire un manga de sport, LISEZ Happy, il y a toute les ficelles du médium et tous les clichés mais ils sont utilisés de manière tellement décomplexé que ça en est TOUJOURS distrayant.
- L'héroïne doit être positive mais voir une adversité ? : On pousse le système à son paroxysme, avec une jeune fille, belle, jolie, souriante, attachante mais qui va essuyer les refus au point qu'à chaque putain de match, elle joue avec des enjeux cruciaux.
- Les enjeux ? Si dans les autres mangas de sports, c'est une mère malade ou un frère mourant, ici elle se bat pour ses trois petits frères, pour avoir un toit par dessus sa tête et contre des yakuzas qui la forceront à être devoir se prostituer si elle gagne pas ses matchs.
- La rivale ? : Les autres mangas en font une peste ou quelqu'un de méchant ? Ici, on le pousse à son paroxysme avec une gonzesse faux-jeton, jalouse, égoïste, cupide, vulgaire mais que tout le monde (y compris l'héroïne) prend pour un ange !
- Le petit copain de l'héroïne ? Le type le plus gentil du monde, qui va carrément vivre dans les bidonvilles par abnégation et entreprendre une quête initiatique tout au long de l'aventure.
- La protectrice peau-de-vache ? Elle va pousser tellement l'héroïne à bout, l'humilier, la forcer à jouer jusqu'à épuisement et par moment carrément lui couper les vivres.
- Le coach un peu cochon mais efficace ? : En faire carrément un gros porc lubrique, qui vit au milieu des taudis, traine avec un transexuel, s'est fait viré pour attouchement. OUAIP, Carrément. Mais dont les doigts permettent de guérir de n'importe quel blessure et qui est capable de sentir le jeu tourner.
Et vous saupoudrez le tout de tonne de comic-reliefs et de scènes de suspens qui se terminent en fin de volume, avec toutes les ficelles des soaps opéras : coup de théâtre, retournements de situation.
Bref, souvent des tonnes de choses se voient à mille kilomètre, mais Usawara sait qu'on bouquine ça avec un plaisir coupable : "non, il va pas oser ce retournement de situation là ?? .... Ha, il a osé !!""Quoi, il va pas faire en sorte que la méchante soit aussi méchante que ça ?..... ha, l'enfoiré, il a réussi."
Happy, cest décomplexé, on vous dit.