Génie mélodramatique ou drama-porn de bas étage ?
La question s'était déjà posée avec Lars Von Trier et ses odieux Breaking the Waves et Dancer In The Dark.
Si Björk sauve ce dernier par une performance exemplaire, performance dans tous les sens du terme puisque l'infâme Von Trier l'aura suffisamment malmenée pour la dégouter à vie du cinéma, on retiendra quand même les bassesses dignes d'un Haneke en manque d'inspiration comme un plan fixe de 5 minutes sur l'actrice en train de pleurer par exemple, entre autre facilités empruntes de sadisme.
Pour Breaking the Waves, j'aurais tendance à faire un constat analogue. Réussir à faire pleurer le public, ou à l'écoeurer n'a rien d'une prouesse. Les téléfilms de bas étage dont RTL et M6 nous abreuvaient les dimanches après-midi en sont la preuve.
Bref, ne nous égarons pas.
Je suis mitigé quant à Happy, parce que je respecte Urasawa, qui est quand même l'auteur de 20th Century Boys, de Monster et de Pluto.
On connait donc son goût pour les personnages trempés, aux caractères clairement définis, son sens inné des expressions faciales, son talent de conteur, malgré une certaine lenteur qui laisse la tension monter, qui crée l'attente.
On retrouve tout ça ici, dans Happy.
Alors quoi ? Où est le problème ?
Il est simple. Le voici, le voilà.
J'ai subi les sacrifices à répétitions des gentils moustachus anonymes et plein d'honneur dans Albator à quasiment chaque épisode.
J'ai regardé Princesse Sarah quand j'étais gosse, Rémi sans Famille, entre autres tire larmes bien costauds.
De la part d'Urasawa, je pense que j'étais en droit d'attendre quelque chose de plus fin, de moins caricatural.
La gentille est gentille et naïve à un point tellement extrême que Sarah de princesse Sarah semble méchante en comparaison.
Le monde est rempli d'ingrats, de méchants, qui tombent avec complaisance dans TOUS les pièges que tend la méchante.
La gentille gagne, on la lynche, elle perd, on la hue, elle rend service, on le lui reproche.
Certains des personnages ont une épaisseur, des motivations, des raisons d'être, et bon, les méchants, ça existe.
Mais le manque de soin dans l'élaboration des réactions de masses, qui semblent toutes gratuites et tirées par les cheveux, est flagrant.
Je vais continuer à lire Happy, parce qu'il y a ces quelques personnages moins manichéens, mais surtout parce que je suis tombé dans le panneau, et que j'attends le moment où les choses vont bien se passer pour l'héroine, où la méchante va ramasser ses dents.
Malhonnête, facile, on se croirait dans une version caricaturale du Tombeau des Lucioles.
Pourtant, j'y reviens... Mais avec un arrière goût de caca dans les yeux.
Et qui sait, peut-être la série réserve des bonnes surprises un peu moins convenues que ce qui s'est passé pour l'instant...
Et bon, il y a un peu de ce qui m'a séduit dans la série Coq de Combat ici, aussi.
Ca fait deux raisons, pas plus valables que ça, mais deux raisons quand même.