Pleins-pouvoirs donnés à l'image
Par la team Chro-BD
[mode « vieux con » : ON] Il fut un temps, que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, où la télévision française diffusait les dessins animés japonais produits par Nippon Animation, regroupés dans leur pays d’origine sous le titre générique World masterpiece theater (« les oeuvres classiques du monde entier »). Ce cycle fut entamé en 1975 avec Heidi, série créée par Isao Takahata, où l’on reconnait également la patte d’Hayao Miyazaki et qui servit de mètre-étalon pour toutes les suivantes. En 30 ans, la plus grande partie des classiques de la littérature « jeunesse », principalement anglo-saxons, écrits entre le fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe, fut ainsi adaptée, avec un niveau d’excellence sur le plan de l’écriture, de la mise en scène et du dessin qu’on ne retrouvera pas de sitôt. Il suffit de repenser aux adaptations les plus connues chez nous, à savoir Tom Sawyer et Princesse Sarah, pour s’en convaincre.[OFF]
Se plonger dans Quatre soeurs, l’adaptation en bande dessinée par Cati Baur des romans de Malika Ferdjoukh, est un plaisir du même ordre, que l’on recommande en particulier aux adolescent(e)s, mais pas que. On pense évidemment aux Quatre filles du Docteur March de Louisa May Alcott, sauf qu’ici les quatre sœurs sont en réalité cinq (comme dans Les Trois mousquetaires). Chaque roman est centré sur l’une d’elles, de la plus petite à la plus grande (à l’exception de l’aînée, déjà sortie de l’enfance), narrant de fait sa vie avec les 4 autres, d’où le titre.
L’enjeu de la série est évidement le passage à l’âge adulte pour ces 4 sœurs au physique et à la personnalité particulièrement dissemblables, passage d’autant plus délicat qu’il s’effectue en l’absence des parents, morts dans un accident de voiture. Cette absence, temporaire ou définitive, est un ressort narratif sur lequel s’appuient de nombreuses œuvres classiques destinées à la jeunesse, obéissant certainement à un double fantasme enfantin et pré-adolescent : la liberté totale offerte par ce vide, mais aussi par ailleurs la terreur qu’il représente. Autre motif récurrent, que l’on retrouve ici avec bonheur : celui de la vieille et grande maison – quasiment un château, à vrai dire – aux multiples recoins à explorer et secrets à découvrir. (...)
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