Parmi tout ce que j'ai goûté récemment en terme de bandes dessinées et notamment de "one-shot" (comprendre, "ces albums en lecture seule qui ne nécessite pas 7 autres tomes derrière pour boucler l'histoire, et vos étagères" TROP rare), il en est une qui m'a particulièrement marquée. Et pourtant...et pourtant, elle ne sera pas en tête de gondole. Deuxième travail de Vincent et Gaël Henry que je découvre et que je vous encourage à lire. Ca fait parti de ces lectures qui ne me paraissaient pas renversantes une fois refermées, mais avec le recul, si, ça mérite quand même coup de coeur et de projecteur.


Jacques Damour c'est l'adaptation d'une nouvelle d'Emile Zola mettant en scène un homme qui vivait de son métier à Paris, avec sa femme et ses deux enfants, jusqu'à ce que la Commune et le siège des prussiens viennent perturber son quotidien d'artisan. Son fils s'engage et prend les armes, lui aussi. Suite à cela il est contraint à l'exil et l'album commence alors qu'il revient en France. Il renoue avec les proches de son passé qui le prenaient pour mort...20 ans après. De Zola, l'histoire est comme toujours consciente du contexte des français en situation précaire qui font ce qu'ils peuvent pour réussir, pour se hisser à un statut décent socialement, l'alcoolisme (le mal du siècle), le sens de l'honneur...l'adaptation en BD est réussie et l'album se lie très facilement. Le dessin rappelle un peu la BD muette Un océan d'amour (autre très belle lecture pour les amoureux de la Bretagne) dans le dessin rond et sobre de Panaccione. C'est tout doux, ça donne des personnages attachants, un héros malgré lui qui appelle la plus jolie des compassions et surtout ce dessin et ces trognes rigolotes viennent tempérer un peu le ton grave et tragique de Mimile (pour ceux qui n'ont jamais lu du Zola, pas de honte à avoir, mais sachez juste que c'est rarement la grosse poilade...). Dans la douceur, toute l'expression de nos petites rebellions émotionnelles intérieures. Un portrait très humain en somme.


Voilà...roman graphique discret, auteurs méconnus, c'est le moment de vous en parler parce qu'un travail de qualité ne mérite pas de rester anonyme et qu'on risque de ne pas en parler assez. Jacques, il en a à revendre, de l'amour...et nous aussi.

Mawelle
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le 7 mai 2017

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