Joris Chamblain a illuminé le monde de la bande-dessinée avec « Les carnets de Cerise », une série à la sensibilité et à la narration remarquables. Le voilà qui s’associe à la dessinatrice Anne-Lise Nalin pour écrire l’histoire d’une adolescente, Morgane. En trouvant le journal intime d’un garçon « enfant de la lune », elle va découvrir une maladie rare dont elle n’avait jamais entendu parler et s’y sensibiliser. Le tout est paru aux éditions Kennes pour 54 pages.
Même si l’ouvrage est ouvert à tous, sa tonalité adolescente est plutôt marquée. La famille de Morgane vient d’emménager dans une maison à la campagne. Elle perd sa vie d’avant et ses amis. Elle râle, fait la gueule, un vrai plaisir pour ses parents ! Mais voilà que derrière le radiateur de sa chambre, elle découvre un carnet. À l’intérieur, le journal intime d’un garçon atteint d’une maladie qui l’empêche de sortir au soleil. On les appelle les enfants de la lune. La jeune fille va découvrir la vie de ce garçon à partir du carnet de celui-ci et enquêter dans le village pour savoir ce qu’il est devenu. Au point d’en devenir amoureuse ?
Joris Chamblain nous ressort sa technique issue des « Carnets de Cerise ». Si cette fois, il n’y a pas de pages de carnet représentés, la narration est très proche. Morgane enquête sur une personne, essaie de reconstituer sa vie et on raconte la vie de Maxime à partir de ses écrits. Même s’il y a un côté un peu artificiel à cela (les informations arrivent au fur et à mesure que Morgane lit le carnet… Ce qui lui prend beaucoup de temps !), force est de constater que cela fonctionne. Un suspense monte au fur et à mesure : qu’est devenu Maxime ? Pourquoi sa famille a-t-elle quitté la maison ?
Dans sa deuxième partie, l’histoire se focalise sur le travail d’une association (réellement existante) avec les enfants de la lune. Morgane y fait alors un stage et ses parents l’accompagne. Pour le coup, j’ai trouvé cette partie moins intéressante, un peu « forcée », comme s’il fallait à tout prix décrire le travail de l’association. Au point qu’on croirait presque à une commande (ce qui ne semble pas être le cas).
Je suis le travail d’Anne-Lise Nalin depuis longtemps sur internet et ce fut un plaisir de lire une bande dessinée réalisée de sa main. Le dessin est beau, lumineux et convient parfaitement à l’ambiance bienveillante de l’ouvrage. On est dans la lignée des Aurélie Neyret, même si Nalin possède sa patte, plus adolescente que jeunesse. Le jeu sur les couleurs fonctionne très bien aussi, avec les journées très lumineuses et les nuits, si importantes pour les enfants malades, tout en couleurs froides et pourtant si chaleureuses à la fois.
« Journal d’un enfant de lune » est un ouvrage agréable à lire, où l’on découvre la vie de Maxime et ses souffrances d’enfant malade par petits bouts. Dommage que le livre se fasse un peu plus didactique par la suite. En tout cas, si vous aimez Joris Chamblain, vous vous retrouverez en terrain connu, on reconnaît sans peine son style. Quant à Anne-Lise Nalin, son travail est des plus convaincants et j’espère la retrouver rapidement en librairie.