Faisant suite au Journal d'une disparition, ce volume prend une tournure différente. Alors que dans le précédent ouvrage l'auteur racontait une histoire autobiographique, ici il s'est attelé à la réalisation d'un journal intime, allant du 7 juillet 2004 au 16 février 2005. Un exercice particulier, assez redondant mais doté d'un intrigant intérêt.

Cela fait six ans que Hideo Azuma est sorti du pavillon des alcooliques (passage de sa vie relaté dans Journal d'une disparition, disponible dans la même collection) et autant de temps qu'il n'a pas bu une goutte d'alcool. À travers son journal intime, le mangaka partage son quotidien, ses humeurs souvent moroses et ses nombreuses lectures.

Chaque journée ressemble à la précédente, Azuma déjeune toujours de nouilles, fait souvent la sieste, et il sort chaque après-midi pour se rendre à la librairie, à la bibliothèque et au magasin de location. Car oui, il lit beaucoup : au moins un à deux livres par jour. Mais il travaille également sur des ouvrages qu'il publie à compte d'auteur et sur quelques projets pour des maisons d'édition. Avec une motivation toute relative d'ailleurs, généralement pas plus de deux heures, malgré le fait qu'il ne gagne que très peu d'argent.

Autant le dire tout de suite, ce Journal d'une dépression n'est pas un ouvrage comme les autres. Il est préférable de le lire par petites doses, non pas qu'il risque de nous déprimer, mais plutôt parce que le quotidien décrit par Hideo Azuma est peu varié. L'accumulation d'éléments journaliers pourra sembler sans intérêt au premier abord, mais cet ensemble forme un tout qui nous révèle de manière concrète l'état dépressif de l'auteur. Pourtant, contrairement à ce qu'on pourrait penser, le ton de ce journal n'est pas si plombant et sait même être régulièrement assez drôle.

Le mangaka est déprimé et manque de motivation. Ses mangas ne rencontrent pas un grand succès et il n'a aucune perspective d'avenir. Mais il aime rire, notamment d'émissions télévisées humoristiques. Et surtout, il aime énormément lire. Tout au long de son journal, il nous parle de ses innombrables lectures variées. Qu'il s'agisse de mangas, de romans d'auteurs japonais, américains ou européens, Azuma donne ses impressions, ses avis, et prend soin de noter chaque livre ou presque. Cet aspect offre un élément instructif supplémentaire au journal. Certains lecteurs regretteront d'ailleurs que le traducteur n'ait pas précisé quels ouvrages cités ont été traduits en français.

Accompagné du trait rond expressif d'Hideo Azuma, d'illustrations de jeunes filles, telles qu'il les aime, et d'une interview en trois parties, le Journal d'une dépression est une incursion curieuse, mais intéressante dans le quotidien d'un mangaka en posture difficile et vivant à son rythme. À découvrir.
BAC
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le 20 mai 2010

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