Kady
7.4
Kady

BD franco-belge de Alain Kokor (2001)

Ce qui est bien en bibliothèque, c’est que l’on hésite moins à emprunter un livre qu’à l’acheter. Et parfois, on tombe sur des ouvrages dont on n’aurait certainement jamais croisé la route. C’est le cas de « Kady », scénarisé et dessiné par Kokor. Je ne connaissais pas ce dernier et en ouvrant le livre, j’ai été séduit immédiatement par son trait. Ni une, ni deux, j’empruntais le livre, bien décidé à découvrir cet auteur. « Kady » s’étend sur une centaine de pages et est publié aux éditions Vents d’Ouest.

L’univers de « Kady » est très particulier. De nombreux codes sont à assimiler et l’auteur ne fait pas de cadeau à son lecteur. Les informations arrivent petit à petit et permettent de mieux comprendre comment fonctionne ce monde. De façon générale, tout est question de publicité dans « Kady ». De grandes multinationales ne vivent que dans l’idée de vendre de l’inutile à leurs clients. Les stratégies commerciales se font de plus en plus agressives et les acteurs de publicité sont des enjeux majeurs, tant ils sont essentiels pour la promotion des produits.

Tout démarre sur un paquebot. Ce dernier est une sorte de centre commercial géant qui va accoster pour lancer une grande quinzaine commerciale. Mais une femme se cache sur le bateau, Kady. Elle semble la cible de toutes les convoitises, sans que l’on sache trop pourquoi.

Kokor développe une narration exigeante. On navigue entre des personnages particuliers, des codes chamboulés et des intrigues à tiroirs. Ce n’est vraiment pas évident de rentrer dans l’univers de l’auteur. Une fois fait, l’ensemble est attachant et l’absurde de ce monde nous frappe d’autant plus. Mais clairement, l’auteur ne crée pas une bande-dessinée accessible au plus grand nombre.

« Kady » développe une atmosphère dystopique. Les grandes multinationales régissent le monde et les envies du peuple. Et il faudra une quinzaine commerciale chamboulée pour que cet état de fait change (légèrement). Car c’est un monde désenchanté que l’on voit, à l’image des personnages. Anciennes ou nouvelles gloires, tous sont dans un sale état. Oubliés et persécutés, ils vont cesser d’accepter leur sort et se rebeller.

Le dessin de Kokor est très beau. Outre ses personnages expressifs, les décors et les ambiances sont magnifiques. Son trait au pinceau, parfaitement mis en valeur par le noir et blanc pur, explose à chaque planche. A l’aise aussi bien dans les grandes cases, les scènes d’action ou l’intimité sombre du bar, le dessin de Kokor vaut vraiment le détour. Une belle découverte pour ma part.

J’ai un sentiment mitigé sur « Kady ». Cet ouvrage possède un charme indéniable, mais propose une narration un peu fouillis qui met à rude épreuve le lecteur. Si bien que l’on peut se demander si cela apporte vraiment quelque chose. Malgré tout, ce livre mélange une satire économique, de l’humour, de l’aventure et du polar. Un livre qui possède une sacrée personnalité !
belzaran
7
Écrit par

Créée

le 10 avr. 2014

Critique lue 192 fois

3 j'aime

belzaran

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