Nous sommes en 1966, les auteurs ont 27 Lucky Luke dans les jambes, 18 en communs, sortent 3-4 albums par an. Ils ont installé un cow-boy flegmatique au rang de mythe "vivant".
Ils commencent à gentiment tirer sur la corde des Dalton (6 albums dédiés) et cherchent à remployer d'autres personnages qui ont marqué le lectorat. Naturellement le choix se porte sur Billy the Kid, acteur principal d'un authentique chef-d’œuvre récent.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que cet album est oubliable. Il commence plutôt bien pourtant. Bon rien de fifou côté scénario, faut emmener Billy du Texas au Nouveau-Mexique pour qu'il se fasse juger de ses crimes commis là-bas et il n'y a que Luke le chanceux qui peut honorer cette mission. On retrouve bien l'esprit espiègle de celui qui est né avec un colt (déchargé) en guise de biberon. Il est sûr de sa réputation, malin, manipulateur.
Il se trouve "un desperado de peu d'envergure" pour l'aider à se libérer de l'escorte envahissante de Lucky Luke. Puis après, bah on sent que les auteurs ne savent plus trop comment avancer donc assemblent des bouts par ci par là, sans que ce soit ni franchement cohérent, ni particulièrement drôle, ni très réflexif. Vas-y que je te fais apparaitre des indiens, et tant qu'à faire une cavalerie, pour les faire disparaitre aussitôt la planche d'après.
Côté dessin, c'est un univers minimaliste qui est choisi par Morris. Du désert et peu de prises de risques. On est loin des standards graphiques atteints par Les Rivaux de Painful Gulch ou La Caravane.
Une parenthèse donc, dans la période glorieuse 1958-1973.
La recette des Dalton sera réutilisée par la suite, heureusement, la pépite Tortillas pour les Dalton sortira bientôt. Et les auteurs s'orienteront avec un certain succès vers d'autres légendes de l'Ouest : Calamity Jane et Jesse James pour ne citer qu'eux.
Comme quoi il n'y a pas de règles sur les "suites" : aux créateurs d'être inspirés et de tirer le meilleur profit de leurs créatures. Cela arrive même aux plus grands de ne pas arriver relever ce défi, même quand on s'appelle Morris et Goscinny.
Hopla, gymnastique de l'esprit, c'est oublié, il n'y a eu qu'un Billy, celui du tome 20. Quoi une escorte ? Hein ?