La Villa du Long-Cri - Tif et Tondu, tome 8 par Chro

Par Nicolas Tellop

Le plaisir reste intact. Tif et Tondu tombent dans les pièges de Monsieur Choc, taillés dans la plus belle étoffe de l’illusion feuilletonesque, avec des automates plus vrais que nature, des villas abandonnées, des portes dérobées, des miroirs sans tain, des apparences coupables et le soleil trompeur de la Côte d’Azur. De la poésie pure.

Mais voici un livre, et surtout une collection, qui pose un cas de conscience. Au début de sa carrière d’éditeur, quand il commença à faire paraître ses fameuses intégrales et rééditions patrimoniales en noir et blanc, Frédéric Niffle eut une idée en apparence anecdotique mais finalement plutôt inspirée. Il opposa les albums traditionnels, hauts et courts, et propres à la tradition belge, à une culture bien française plus favorable aux livres brochés, avec des couvertures souples, et des dimensions permettant une manipulation et un rangement plus faciles. En optant pour la seconde solution, Niffle élaborait une poétique du format dont le but était d’apporter une légitimation nouvelle à la bande dessinée franco-belge, travestie en « véritable » littérature et prête à côtoyer sur les rayonnages de l’amateur la Blanche de Gallimard et les romans graphiques de la meilleure réputation. Le choix du noir et blanc, s’il avait pour finalité de satisfaire les puristes du dessin, montrait aussi une volonté d’apporter davantage de sérieux aux publications – car les stéréotypes du 9e Art sont ainsi faits : quand c’est en couleur, c’est pour les enfants ; quand c’est en noir et blanc, c’est pour les adultes. Après une parenthèse assez longue, suite à la nomination de Niffle au poste de rédacteur en chef du journal Spirou, les activités personnelles de l’éditeur ont repris cette année avec le lancement d’une collection luxueuse, visiblement pensée pour faire saliver une fois encore tout inconditionnel de bande dessinée franco-belge, certifiée 100% « période âge d’or ». Cette bien nommée collection « 50/60 » conserve les grandes lignes de la politique éditoriale originelle de Niffle, et si le format a changé, la rigueur du noir et blanc a bien été conservée. Le découpage ne se fait plus en planches, mais en demi-planches, tels que les récits était souvent réalisés par les dessinateurs à l’époque, permettant une mise en exergue des dessins et des talents narratifs déployés (même si le lecteur perd l’unité de la planche et sa composition d’ensemble). Autre plume du journal Spirou, Hugues Dayez se prête à l’exercice de l’annotation, délivrant à chaque page anecdotes et éléments de contextualisation divers. Depuis la publication du premier volume de la collection au printemps, La Voiture immergée de Tillieux, on entend parler de ces livres comme de la « Pléiade de la bande dessinée ». Et c’est sans doute là qu’il est permis de tiquer. (...)

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Chro
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le 4 août 2014

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