La peur du rouge
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La peur du rouge

BD franco-belge de Frédéric Neidhardt (2010)

Je suivais le blog de Fred Neidhart à une époque et je me souvenais de petites bds qui parlaient de sa vie d'adolescent dans les années 80. C'était sympa et ça me plaisait bien, même si visiblement, on voyait qu'il trichait un peu et faisait un mélange entre vrai souvenir et fiction.


1981 : Fred , 14 ans, se retrouve avec ses camarades de classe à Berlin pour un voyage scolaire. A l'époque le communisme est réel, la ville est coupée en deux, les présidentielles voient s'opposer les giscardiens et les mitterrandiens. Les gosses vont visiter successivement Berlin Est et Berlin Ouest et l'on suit Fred et ses camarades aux profils variés, entre le gamin qui est communiste parce que ses parents le sont, le redoublant un peu creepy attirés par les livres sur le nazisme, les deux playboys bourgeois, et "Pepette" la nana sur laquelle tout le monde craque.


Fred Neidhart décrit une bande d'ados qui sont loin d'être propre sur eux : ils sont bagarreurs, obsédés (entre l'import de magazine de cul, le tripotage, la branlette) vulgaires et fument des clopes. Ce sont des adolescents avec tout ce qu'il y a de plus typique des années 80, avec les références culturelles et les mots d'argot qui vont avec. Et ça fait du bien.


Et il y a aussi l'Allemagne des années 80 : Berlin est coupée en deux, il y a la vision du communisme par les ados (musée traumatisant, supermarché aux produits décevants, bizarrerie des gens, pauvreté, paranoïa générale) et la société allemande de l'autre côté. Le personnage principal est d'ailleurs obsédé par le livre "Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée" et tente de partir sur la trace de l'univers qui est autour : les punks, les jeunes allemands drogués qui squattent à la station " Bahnhof Zoo."


A noter qu'au trois quart, le livre prend un tour assez déroutant et se retrouve sur une histoire assez badante qui parle notamment d'attouchement sexuel. Le style est cru et je place un "trigger warning" pour certaines personnes sensibles. Moi ce passage m'a collé une baffe par son côté choquant mais il est assez réel, notamment sur la façon dont les victimes de ce genre d'attouchement se culpabilisent, se persuadent par dire qu'ils l'ont mérités et finissent par ne jamais en parler. (Vu l'époque et la façon de penser, le personnage ne peut faire que ça.)


C'est cru, c'est sale, c'est à la fois drôle dans l'ironie autant que c'est totalement gris. Bien foutu.

le-mad-dog
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le 9 mai 2018

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