http://lacasebd.overblog.com/2014/02/le-garde-republicain-t1.html
Dans la bande dessinée il y a des gens qui ont des projets fous, des trucs super dingues que même le fait de le mentionner vous vous dites que ce gars est dérangé comme genre raconter des histoires sous l’emprise de la drogue , tout nu en pleine gay-pride en écoutant du Helmut Lotti Goes Classic à fond les tubas concernant un prince arabe ayant des problèmes érectiles.
Ouais eh bien Thierry Mornet est de cette trempe … hey oh ! Pas de la jaquette hein, mais genre « foufou ». Alors en sachant qu’en étant adolescent il avait imaginé un super héros franchouillard du nom de la Garde Républicaine, qu’il est depuis fan invétéré de comics US avec ces gars super musclés aux torses huileux et épilés, et addicts de la salle de sport et qu’en sus, il est éditeur aux éditions Delcourt, il n’en faut pas plus pour réussir à concrétiser son rêve en projet bien réel.
Et cela tombe bien car la France est en crise et le monde est gangréné par de puissantes organisations criminelles qui se vouent à de fratricides luttes intestines. L’une d’elles, la Crimen (oui, bon, passons sur le nom) menace de faire exploser la Tour Eiffel. L’arrivée inopinée du Garde Républicain, secondé par une jeune banlieusarde, fera échouer l’attentat tout en y mettant le fond et surtout la forme grâce à deux trois mandales dans la cheutron du mec d’en face bien placées … Mais l’attentat avait surtout un autre but et l’apparition du Spectre (Jean Brume) ne va pas faciliter le démêlage de cet imbroglio.
Voilà donc un nouveau French-hero utilisant les codes du genre, mitonné sauce fromage et vin rouge, venu enfin égayer le paysage fort désertique de la super-attitude. Rien à voir avec un « Captain America, the French origin » ou une relecture de Super Dupont , d’ailleurs ce type de relecture ne peut être fait que par des hommes de foi, mais ce Garde est un super-héros franchouillard qui n’est ni ridicule ni gros dégueulasse et surtout vecteur de certaines valeurs morales.
Pur projet indépendant, cette série, puisque c’est d’une vraie série dont il s’agit, ne se concentre pas sur le personnage incarnant le Garde Républicain mais sur le héros lui-même avec des arcs narratifs situés dans d’autres contextes historiques ayant, eux, leur propre incarnation du héros.
Le concept, provenant de cerveau assez fiévreux, est scénarisé par Thierry Stillborn (private joke de l’auteur qui n’est autre que Thierry Mornet) et son fils Max, et introduit un dessinateur différent par aventure avec notamment Juan Roncaglio Berger qui l’épaule pour ce premier numéro et Jean-Yves Mitton himself pour un des prochains numéros (si si).
Graphiquement c’est un mélange de franco-belge mâtiné de sauce ketchup (ou mammouth selon les gouts) avec mention spéciale pour le travail apporté à la couleur. Le dessin quant à lui est classique dans sa mise en bière et ne dépaysera pas les amateurs de lectures comics rétro.
Je dis rétro car l’histoire est sympa mais dénote justement par un côté trop old-school, ce qui lui donne un style décalé avec des gadgets à la fantômette, Simon Templar ou OSS agente secrète. Mais sous ces petits airs de naphtaline, le récit rend hommage aux références du genre tout en étant frais et empli de peps. Volontairement je passerai sur le costume du héros mais par Dieu ! virez-lui cette houppette et sa moto Honda !!! :)
L’objet quant à lui, est édité en format souple, a une maquette soignée et une belle couverture « polish » (cirée à la Wax) genre qui brille et qui glisse ; clin d’œil supplémentaire à la référence du genre, ce premier numéro est illustré par ni plus ni moins Eric Powell (auteur de The Goon).
Attention que la promotion du Garde Républicain est faite de la bouche à l’oreille et l’auteur paie et sue (berk ça colle) de sa personne vu que c’est un projet purement indépendant et autoédité. Du coup on ne le trouvera que dans les bonnes boucheries et par commande auprès de la maison d’édition (classe non ?).
Mon avis ? Un album «Deutsch Qualität » en comparaison avec d’autres sorties du même genre, c’est frais, marrant, chauvin (ouais !), très « liberté, égalité, fraternité » et pas mal foutu en fait ! Nul doute qu’il trouvera son public auprès des accros du super-héros.
La French touch’ est dans la place et les Supermen n’ont qu’à bien se tenir !