Après avoir marqué de son empreinte la bande-dessinée avec des œuvres telles que « Blotch » ou « Peplum », Blutch s'attaque à l'autobiographie avec « Le Petit Christian ». Ou plutôt, c'est ce que l'on est en droit de croire. Car Blutch nie l'aspect autobiographique de cet ouvrage bien que le personnage ait le même prénom et soit alsacien... Quoiqu'il en soit, on suit Christian, un jeune garçon, dans sa vie d'enfant.

La BD enfantine n'est pas nouvelle. On peut citer « Le petit Spirou », « Cédric », « Boule et Bill » ou plus récemment « Titeuf » pour s'en convaincre. Difficile alors de se démarquer. Blutch le fait sans peine en adoptant un ton résolument rétro qui ne pourra simplement pas parler à des enfants. En s'adressant clairement à des adultes (ne serait-ce que par l'absence de couleurs), Blutch évite l'écueil de faire une nouvelle BD de plus sur l'enfance.

La vision de l'enfance de Blutch est toujours lié à deux médias essentiels à l'époque : la télévision et la bande-dessinée. Le tout se passant il y a quelques décennies en arrière (on retrouve des références à Steve Mac Queen, Rahan ou Placid et Muzo !), ces deux éléments sont traités de façon complètement différents et contribue à la nostalgie du lecteur (ou l'étonnement pour les plus jeunes d'entre nous). En effet, on parle d'une époque où les enfants sont obligés d'aller se coucher tôt (sans regarder la télé !), ou les BD paraissaient avant tout sur magazine et étaient censurées par les parents. Ainsi, son personnage passe son temps à se projeter sur ses personnages. La plupart du temps, il se transforme en eux, soit il converse avec eux. Si le procédé n'est pas nouveau, il est très réussi ici.

La grande réussite de Blutch est sans conteste l'écart qu'il crée entre les adultes et les enfants. Quand les enfants parlent entre eux, ils sont enthousiastes, bavards, ça gueule, ça crie... Mais dans leurs rapports aux adultes, c'est très différents. Les parents, les profs, le curé sont tout puissants, souvent durs et sévères et font partie d'un autre monde. Ce temps est clairement révolu car de nous jours l'enfant est roi. En cela, l'ouvrage prend d'autant plus de sens. Cette distanciation est accentuée par le dessin. Là où les adultes sont représentés de façon réaliste (et grave), les enfants sont dessinées dans un style naïf. L'écart paraît ainsi encore plus grand. Le dessin est tout en hachures et en noir et blanc. Le dessin des acteurs est particulièrement soigné et toujours en situation (John Wayne en militaire, Steve Mac Queen en cowboy...), ce qui ajoute au côté décalé de l'enfance.

« Le Petit Christian » est une ode à l'enfance et à son imaginaire. Son côté désuet renforce d'autant plus son propos. A cette époque, lire Rahan était interdit par les parents (parce qu'il y a des morts et des amazones peu habillées). On est bien loin de la pornographie et des images violentes auxquelles sont témoins les enfants aujourd'hui. En adoptant clairement une vision adulte et tendre de l'enfance, Blutch tape juste. A lire d'urgence !
belzaran
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le 11 juil. 2011

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belzaran

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