Voici le second tome de cette œuvre de nature autobiographique, incontestablement beaucoup plus réussi que le premier.
A la différence du précédent album, Blutch a introduit un peu de couleur sur certains dessins (mais juste une couleur entre le rose et le rouge), ce qui est assez agréable, et le dessin est variable, se décomposant au gré des déconvenues du garçon.
Pour notre petit Christian, c'est un peu la fin de l'enfance, l'entrée au collège, on lui dit que ça va être sérieux, en gros finies les vacances ! Alors il y va résigné, un peu comme un prisonnier qui vient de perdre sa liberté. Et il va notamment y subir la pression des notes.
A cet âge, le petit Christian voudrait être un homme. Mais il est à peine un pré-ado, contraint par ses parents, qui, forcément, ne comprennent rien, l'énervent et l'empêchent de vivre, en lui imposant de faire ses devoir et d'avoir de bons résultats scolaires. Il s'oppose de façon plus large aux adultes, qui insistent toujours sur les mêmes choses (tu passes en sixième l'année prochaine, t'es un grand, ça va être dur). Heureusement certains sont un peu plus cools et présentent les choses de façon beaucoup plus positive, mais sans le vouloir, ils lui mettent aussi la pression. Sans parler de l'horripilant petit frère.
Le petit Christian joue aussi les rebelles, Blutch le représente souvent en cowboy, lui qui se prend pour Marlon Brando. Mais au fond, il ne recherche que le bonheur, et il commence à éprouver des sentiments amoureux, ce qui provoque en lui des contradictions entre ce qu'il est et ce qu'il voudrait être, entre le garçon obsédé par les filles, qui sont toujours forcément belles et attirantes, et le cowboy dur, solitaire et indifférent qu'il se doit aussi d'incarner.
Une période difficile pour un ado où tout n'est qu'admirations, injustices, bouleversements, drames, jalousie.
Le langage utilisé par Blutch lorsqu'il fait parler le petit Christian n'est pas celui d'un enfant : afin de montrer joliment les sentiments enfantins, il met des mots d'adultes sur des ressentis d'enfants, ce qui donne du charme à l'album. On prend ainsi beaucoup de plaisir à lire les tirades du petit Christian, pleines d'esprit.
Les thèmes traités le sont beaucoup plus profondément que dans le premier tome, et avec beaucoup de justesse, on y parle beaucoup des sentiments amoureux des enfants, et sans mépris ou ironie.
Enfin, comme dans le premier opus, on voit l'importance des références pour un enfant, ou pour l'enfant devenu adulte et dessinateur, qu'elles soient tirées de la bande dessinée ou du cinéma (Tintin, Steve McQueen, Charlton Heston, Marlon Brando)
Bref, un très bel album, intéressant et très agréable à lire.