Waldo Badmington, un aristocrate anglais, débarque à Dry Gulch récupérer un ranch laissé en héritage par son défunt d'arrière grand oncle Baddy. Sauf que dans l'Ouest impitoyable, non seulement un "pied-tendre" reçoit un accueil personnalisé, mais que dans le cas présent, la propriété est lorgnée par le lascar du coin, Jack Ready.
Autant se le dire, le début de l'album est super ; une introduction générale sur les us et coutumes rugueux du far west laisse place dans un fondu enchainé subtil - sur fond d'enterrement - à la trame de l'histoire.
Baddy, nous gratifie d'une lettre d'adieu à Lucky Luke qui bouleversera notre héros comme rarement vu dans l'ensemble de ses aventures (planche 7) :
Lucky Luke, mon vieux coyote, tu as toujours été mon copain.
Je ne veux pas que mon ranch tombe entre les mains d'un chien de prairie à foie jaune. Protège mon héritier, mais seulement s'il en vaut la peine. Prends soin de Sam, cette chère fripouille de Peau-Rouge.
Bois un verre à ma santé.
Ton vieux Baddy
Le ton est donc donné, nous sommes sur un album spécial. De quoi augurer un chef d’œuvre ? Pas tout à fait.
L'histoire est intéressante mais c'est le sentiment de potentiel non exploité à son maximum qui prédomine à la lecture. Les dialogues et l'humour ne sont pas mémorables, les scènes d'actions assez rares, et la caricature est parfois trop tirée.
Pareil pour le dessin, assez peu de prise de risque, bien que le trait soit arrivé à pleine maturité.
Bref, on tourne les pages avec plaisir mais pas avec délectation comme dans les chefs d’œuvre Billy the Kid ou Ma Dalton. Un bon Lucky Luke, pas un grand Lucky Luke.
Les auteurs poursuivront l'exploitation de ce thème du décalage des us et coutumes de l'Ouest avec ceux de l'ancien monde, notamment avec Le Grand Duc et L'Empereur Smith, le premier décevant, le second excellent. On retrouvera Waldo et Jasper dans Le Klondike 30 ans plus tard.