Cette version est assez rafraichissante. Et après la lecture des deux titres précédents à la suite, c’est soulageant. Là ou la première était très sensuelle et la seconde très exagérée, celle ci apporte de nouveaux éclairages bienvenus sur l’histoire, notamment en développant le point de vue du personnage principal féminin jusqu’à présent totalement occulté.
On y ressent de ce fait bien plus les extrapolations, surtout quand les protagonistes de 2chan déballent leurs vies. Tandis que Watanabe rajoutait carrément des péripéties entières, faisant se mouvoir toute la communauté d’internautes différemment, Dôke se concentre lui sur les backstories.
L’auteur a commis l’infamie de réutiliser des dialogues et scènes absolument identiques à l’autre version parue chez Taïfu (ou peut être est-ce imputable au traducteur) toutefois si vous ne lisez que celle-ci, cela ne devrait pas vraiment vous choquer. Il se mélange aussi un peu les pinceaux sur certaines chronologies de faits établis logiquement immuables. Ces décalages temporels se révèlent finalement assez mineurs, rehaussant plutôt une toute autre vision des évènements.
Un très bon point qu’il est impossible de relever à la lecture des deux autres séries: le garçon du train est réellement moche. Comme dans la version drama. Et bien que durant les premières pages, ça choque carrément notre sens esthétique et notre incessante recherche -socialement induite- du beau, l’auteur est finalement le seul à arriver à exprimer un des messages fondamentaux de cette histoire. L’otaku qui voit sont rêve amoureux lentement se réaliser, se transcende grâce à ses efforts et à sa rigueur mentale. Il n’est pas un « beau qui s’ignore » cher aux adolescents qui fantasment sur leurs transformations physiques à venir ou aux paresseux de la mode. Il n’est pas un délabré par simple manque d’attention corporelle, un homme à qui il suffit d’une nouvelle veste et d’un peu d’assurance pour devenir Georges Clooney.
Il casse efficacement, comme le voulait à l’origine toute cette histoire, le mythe du vilain petit canard qui se transforme en cygne par action divine. Grâce à ses efforts, grâce à cette certaine forme de courage qu’il montre pour surmonter sa timidité, il devient quelqu’un qui n’est plus repoussant a priori et qui séduit, non pas par son aura physique soudainement flamboyante mais par son humanité et toutes les qualités dont il ne pouvait faire montre précédemment. C’est quand même plus honnête et plausible.
(Toutes les informations sur les deux autres séries Densha otoko sont sur le blog)