Pourquoi toi aussi? Qui est parti à l’aventure avant toi? On peut le savoir? Non? Bon. Très bien.

Ha! Mais peut être que ce titre sous-entend que le protagoniste de l’histoire n’est pas le garçon du train originel mais un autre jeune homme, qui vit dans un univers ou cette histoire de densha otoko existe (celle dont je parle sur le blog, par exemple) et qui répète le même schéma existentiel! Je n’ai absolument pas la patience de revenir à nouveau sur cette série en scrutant des indices de cette théorie alors je vais éviter de l’approfondir.

Mind blown

J’ai souligné précédemment la finesse de l’histoire décrite par Hidenori Hara. Comme prévu, cette version de Watanabe apparait bien plus pataude en comparaison. Il force le trait. Dans tous les sens du terme. Les réactions sont globalement plus adolescentes mais c’est normal, on sent que le public ciblé n’en n’est qu’aux balbutiements de son romantisme personnel et qu’il faut tout enrober de codes rassurants. Puisque de nombreuses réactions sont caricaturées pour correspondre aux clichés habituels, on lit bien mieux les angoisses de l’otaku. La romance est aussi factice que peut l’induire un titre aussi humoristique toutefois ce rapprochement vers la puberté donne notamment l’occasion à l’auteur de développer légèrement plus longtemps le caractère de son personnage principal.

De même, l’utilisation de 2chan, qui n’est pas vraiment claire dans les deux autres récits, est bien introduite. Dôke étend graphiquement l’univers du forum, en rendant biologiques des réactions informatiques. Il utilise des smileys qui ont pris vie dans un univers médian vide de toute autre forme, à mi-chemin entre la chambrée du densha otoko et les terminaux informatiques de ses collaborateurs internet. C’est une bonne idée pour créer de la proximité entre ses personnages mais à l’inverse, être témoin d’une vie virtuelle d’émoticone nous coupe de l’attachement que nous aurions dû développer pour le casting de second couteaux.

Petit bémol tristounet: les tasses Hermès offertes au garçon du train, précieuses et chères, point de départ d’ébahissement et d’intrigues, qui créent quasiment toute l’histoire, sont içi moches et banales. Ça ne change rien du tout mais c’est un peu dommage de ne pas avoir fait d’effort sur leur représentation.

De la même façon, Densha otoko (le garçon du train, je le précise à nouveau) et Hermès sont les pseudonymes donnés à deux inconnus dont les internautes ont suivit l’histoire derrière leur écran. Il était nécessaire de différencier ces deux anonymes dans ce fleuve de message ininterrompu qu’est un tel forum. Mais nous, les lecteurs, nous suivons pas à pas la progression des deux protagonistes, à leurs cotés. Dans notre usage quotidien du net, ces pseudos apparaissent légitimes mais dans un manga, il faut le justifier. Ne serait-ce que par une ligne de dialogue. Une pensée. Une simple annonce. Une action visuellement reconnaissable. Il faut qu’entre cet homme dont nous partageons la vie et l’iconique densha otoko, la transition soit explicitée, actée. Elle ne l’est pas. C’est un point de détail qui ne nuit véritablement à rien mais c’était pourtant si simple et crucial… tant pis.

À l’inverse, l’auteur a la bonne idée de faire récapituler l’histoire par un de ses personnages en cours de route. Celui ci essaye en effet de résumer à un ami les pérégrinations des deux tourtereaux. C’est plutôt malin, surtout si on tient compte de la densité des rebondissements qu’ils vont vivre. Enfin, il offre quelques interprétations assez osées, nous renvoyant à la liberté de création que lui offre malgré tout un récit lourdement balisé. C’est couillu, avais-je écrit dans mon brouillon et une part importante de l’intérêt de ce titre. Watanabe replace les seconds rôles au sein d’une histoire en canon, et n’en fait pas la simple 5e roue du carrosse. La double fin informatique et sentimentale fait d’ailleurs spécialement sens.

(Toutes les infos sur les deux autres séries Densha Otoko sont sur le blog)
aaapoumbapoum
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le 15 juil. 2014

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