« Mal de mère » est un ouvrage autobiographique réalisé par Rodéric Valambois racontant l’histoire de sa famille. Il traite de l’alcoolisme de sa mère et de l’impact que cela a eu sur lui et les autres membres de la famille. Le tout est publié chez Quadrants et pèse pas moins de 220 pages.
Le sujet est difficile. Alors lorsque l’autobiographie est utilisée, c’est encore plus compliqué. Difficile de ne pas être retourné par ce qui se passe dans l’ouvrage. L’auteur décide de montrer la vision de la mère par l’enfant, alors qu’il n’a que 9 ans (même si la dernière partie traite de ses 20 ans). Sa mère est institutrice en maternelle et s’occupe de ses trois enfants : elle fait la cuisine, les courses, le ménage… Son mari est le maire du village, il est occupé à travailler un peu tout le temps. Or, ce n’était pas la vie dont elle rêvait…
J’ai été dérangé dans ce livre par les propos tenus. Évidemment, la descente aux Enfers de la mère ne peut pas laisser indifférent. Mais j’ai bloqué sur la manière de faire. Valambois décide d’utiliser un narrateur enfant. Et ça ne fonctionne pas. J’ai l’impression de voir l’auteur adulte travesti en enfant (que ce soit dans les textes ou même le dessin). Même en début d’ouvrage, l’innocence de l’enfant ne transparaît pas. Lorsqu’il comprend que sa mère est alcoolique, la narration ne fonctionne pas. L’auteur aurait peut-être du choisir un angle différent, où le narrateur racontait au passé. Car les textes narratifs sont nombreux.
Au-delà de la narration, le traitement est très négatif. Dès la présentation de la famille, avant les faits (ou au début, ce n’est pas très clair), on sent déjà une noyau pas bien dur. Le frère est un porc, le père humilie tout le monde, la fille est complètement effacée et les parents s’engueulent tout le temps. Du coup, présenter la destruction de la famille par l’alcoolisme fonctionne peu puisque cette famille n’était déjà pas bien soudée. Quelques scènes essaient de montrer des complicités, mais elles sont trop rares. Ainsi, les trois frères et sœur ne jouent presque jamais ensemble et ne se parlent pas. Ici, la réalité bloque peut-être un peu le message. Car Valambois se met à nu et raconte sans pudeur les faits. Mais peut-être est-il justement trop dans l’autobiographie.
Au niveau du dessin, Valambois a un trait agréable, précis et stylisé. Beaucoup de planches se passent dans l’appartement, ce qui empêche toute maestria graphique, mais il arrive à varier les plans. J’ai seulement trouvé les niveaux de gris assez inégaux, parfois trop foncés, gênant la lisibilité. Mais globalement, c’est un auteur qu’on a envie de relire graphiquement.
« Mal de mère » vous laissera un goût amer dans la bouche. Vu la dureté des propos et des situations, difficile de rester indifférent. Mais à ne pas vouloir juger et en se mettant à nu ici, Rodéric Valambois oublie un peu l’empathie. On pense aux enfants, mais le couple de parents est tellement infect sur tous les points qu’on a bien du mal à les plaindre. En cela, j’ai été déçu.