Cette BD avait toutes les qualités pour me plaire : un graphisme original, des personnages forts, un récit adulte, une mise en perspective artistique, culturelle et historique… Et pourtant, je n’ai pas accroché.
Pour les mêmes raisons qui auraient pu me faire adhérer.
Le graphisme tout d'abord. Un premier feuilletage m'a interpellé. La lecture m'a confirmé de fortes disparités. L'utilisation du noir et blanc, avec des pointes de rouge, offre un rendu saisissant, froid, clinique, analytique, à l'image d’Enrique. Par contre, les décors d'après nature sont souvent catastrophiques. Ils donnent l'impression d'un filtre Photoshop à peine dégrossi. Les deux rendus cohabitent mal, l'un discréditant l'autre. Je serai plus conciliant sur la représentation des oeuvres d'art, car plus compréhensibles.
Les personnages ensuite. Si celui d’Enrique est le mieux cerné, les autres me semblent plus caricaturaux. Notamment son amante-étudiante ou encore son ex-femme et son changement d’orientation sexuelle.
Le thème ensuite. C’est désolant de le dire, mais un tueur en série héros d’une fiction, ce n’est plus nouveau et encore moi sulfureux. Hannibal est passé par là avant, L’hygiène de l’assassin de Nothomb, sans parler du plus récent Dexter. Même si le parallèle artistique est plutôt original et intéressant, je le trouve parfois forcé.
Je trouve les intrigues secondaires plus intéressantes, à savoir les luttes de pouvoir entre universitaires et surtout la présence du nationalisme basque au sein d’une « vénérable » institution. Mais au regard du dénouement, peut-être mon jugement a été faussé et ces intrigues ne sont pas secondaires, mais le cœur du récit.
Je dois le reconnaître, je suis sûrement passé à côté de la richesse de ce récit. Il n’a tout simplement pas réussi à me faire adhérer.