Nocturnes par Gatcha

Léo est écrivain dans un village étrange. Enfermé au propre comme au figuré, entre sa maison et sa création, il entretient des relations tendues avec chacun de ses voisins. Seule sa sœur nourrit une réelle tendresse pour lui. Aussi tombe-t-elle des nues lorsque de mystérieux événements atteignent les gens et le décor. Certains disparaissent presque spontanément, tandis que le paysage est lui aussi touché par le néant. Puisque la réalité tend à s’effacer, tous les protagonistes vont se rassembler autour de Léo, visiblement au cœur de ces « oublis » de personnes et de lieux…
En délaissant temporairement l’humour dans lequel il brille (Mélusine, Histoires à lunettes) pour revenir à un registre plus noir et réaliste dans lequel on l’attend moins malgré de beaux albums (Luna Almaden, Urielle), Clarke intègre la prestigieuse collection Signé avec un one-shot troublant. Nocturnes possède en effet une mécanique machiavélique et un twist final dans la veine des meilleurs thrillers. Au-delà d’une écriture réussie et d’un trait maitrisé, renforcé par les couleurs de son compagnon d’atelier, Benoit Ers, c’est l’atmosphère inquiétante à la lisière du fantastique qui marque le lecteur. Autour de Léo et sa sœur, les personnages naviguent dans un grand flou qui entretient le malaise et l’interrogation autour de cet univers étrange. Clarke montre un grand sens du rythme en faisant lentement évoluer son récit jusqu’aux dernières pages.
A la fois ambitieux et intimiste, cet album sur la création et les limites de la fiction est une pure merveille !