On peut toujours rester amis par belzaran
Mawil est un auteur de bande-dessinée allemand, qui est surnommé « le Woody Allen de la scène bande-dessinée local ». En 2005, il publie son premier ouvrage en français : « On peut toujours rester amis ». A travers quatre histoires autobiographiques, l’auteur y narre ses échecs retentissants qui, a priori, l’ont forgé. Le tout est publié aux éditions Six pieds sous terre.
Si les quatre histoires sont indépendantes, elles sont reliées par un fil narratif un peu gros : Mawil raconte à ses amis les saynètes et ceux-ci et réagissent en le relançant « et celle avec… ». Le procédé n’est pas bien subtil, mais souvent ces pages sont assez drôles. Les anecdotes, constituées donc de râteaux dévastateurs, sont en soit des histoires assez classiques. Certaines se passent alors que Mawil est enfant, puis ado et enfin adulte. Leur originalité ne se situe pas toujours forcément dans la relation garçon/fille développée, mais plutôt par le contexte. Dans la première, Mawil est amoureux d’une fille du catéchisme… Dans une autre, l’auteur vit dans un immeuble squatté par des artistes à Berlin… Cela joue sur l’originalité du discours. Quant au classique : « je n’ose pas me lancer et quand je me lance elle me dit que je ne suis qu’un ami », il sert sans peine à l’identification du lecteur.
Bien sûr, l’autodérision est de la partie. L’auteur se présente comme un loser pas très courageux qui passe son temps à hésiter et tergiverser, comme beaucoup d’autres. Je n’ai pas trouvé l’humour transcendant mais j’ai souri à de multiples reprises. L’auteur ne joue pas que la carte de l’autodérision. On voit également le personnage désespéré, mal dans sa peau. Car, s’il est parfois ridicule, il souffre avant tout.
Le dessin de Mawil est bien maîtrisé. Relâché et expressif, il est parfaitement adapté aux histoires. Les planches sont riches de cases malgré le format A5. Le tout est rehaussé de valeurs de gris, renforçant par moment les ambiances, plus ou moins joyeuses. Un travail bien maîtrisé.
Au final, « On peut toujours rester amis » m’a laissé un peu sur ma faim. L’humour ne m’a pas pleinement conquis et l’impression de voir un assemblage de quatre histoires finalement bien différentes m’a un peu refroidi. Cependant, l’ensemble est de bonne facture, riche en détails et l’identification marche à fond. Un livre pour les plus désespérés en amour d’entre vous.