Et me voilà donc qui me replonge dans Judge Dredd, d’une, et dans le post-apo qui tache, de deux. C’est la faute à Gromovar, qui a récemment publié un billet sur le recueil Judge Dredd: Origins. Ouais, voilà: c’est tout de sa faute!


L’idée de base, c’est que Dredd et huit autres Juges, triés sur le volet, partent pour une expédition dans les Terres maudites pour répondre à une demande de rançon ahurissante. Quelqu’un prétend retenir Eustace Fargo, le premier Juge, censément mort depuis près d’un siècle. Et les analyses du bout de peau expédié avec la demande révèlent que le porteur est bien Fargo, et qu’il est toujours vivant.


Mais, assez rapidement, dans l’histoire, les péripéties de l’expédition marquent le pas face à deux axes plus importants: l’histoire des Juges et de la Guerre atomique et, en toile de fond, les premiers doutes que le personnage de Dredd commence à avoir sur sa mission.


La quête des origines n’est pas seulement celle des Juges, mais celle de Dredd lui-même. Clone né en éprouvette à partir des cellules du Fargo en question, élevé pour être le Juge ultime, il révèle que son « père » est loin d’être le héros sans reproche que la propagande a fait de lui.


Et puis il y a aussi le côté « post-apo qui tache », comme mentionné. Judge Dredd, c’est la guerre nucléaire façon années huitante: tout est ravagé, des mutants partout et quelques rares poches de civilisations qui oscillent au bord du précipice. Virez les méga-cités et vous avez du matos pour un Apocalypse World à l’ancienne.


Et là, pour le coup, se rajoute un contexte politique et social qui explique comment l’Amérique passe de l’état de droit à un état policier où les Juges viennent prononcer des sentences immédiates, à coups de flingues si nécessaire, avant de se substituer au gouvernement. C’est d’ailleurs plutôt bien amené.


Tellement bien que la trame principale, qui revient après tout ce qui n’est qu’un immense flashback, arrive presque comme un cheveu sur la soupe. Parfois, les collisions entre les versions old-skool et nouvelle-vague de Judge Dredd, ça fait de sacrément gros grumeaux!


On retrouve aux manettes les créateurs originels de la série, John Wagner au scénario et Carlos Ezquerra au dessin (avec Kev Walker pour l’intro). Il est paru pour les trente ans de Judge Dredd, publié en une vingtaine d’épisodes entre 2006 et 2007. J’ai une petite faiblesse pour le dessin d’Ezquerra, que j’ai surtout découvert par son adaptation du Stainless Steel Rat, mais c’est un goût acquis et, objectivement, c’est parfois assez moche.


Mais l’intérêt de Origins tient dans surtout dans la narration des origines – justement – des juges, des Mégas-Cités, des Terres maudites et, partant, de Dredd lui-même. Le texte est probablement un peu moins décalé que dans les autres histoires, voire parfois sombre.


Si on s’intéresse un tant soit peu au personnage, c’est une lecture indispensable. Parce contre, je déconseille de commencer par ce volume: mieux vaut avoir un petit bagage dans cet univers très riche pour mieux l’apprécier.

SGallay
8
Écrit par

Créée

le 23 juin 2016

Critique lue 485 fois

2 j'aime

Critique lue 485 fois

2

D'autres avis sur Origines - Judge Dredd (Delirium), tome 1

Origines - Judge Dredd (Delirium), tome 1
Presence
9

La sécurité au prix de la liberté

Ce tome contient une histoire relativement indépendante et complète dans la série des Judge Dredd. Il comprend un prologue (progs 1500 à 1504, dessinés, encrés et mis en couleurs par Kev Walker) et...

le 28 août 2019

Du même critique

Sunstone, tome 1
SGallay
8

Je n'aime pas le BDSM, mais...

Vous vous souvenez de la série « je n’aime pas N, mais… »? Eh bien Sunstone, bande dessinée signée Stjepan Šejić, en est une nouvelle illustration, avec en N le BDSM. Principalement parce que...

le 25 avr. 2015

12 j'aime

Rituals
SGallay
8

On ne Satan pas à tant de mélodie

Parmi les groupes que j'évite de mentionner au bureau (note: je bosse pour une organisation chrétienne), Rotting Christ, dont le nouvel album, Rituals, vient de sortir, figure en assez bonne place...

le 19 mars 2016

10 j'aime