De prime abord, et avant de se lancer dans le vif du sujet, veuillez pardonner un jugement hâtif et pétri d'a priori porté par votre serviteur sur l'ouvrage avant même son ouverture.
L'on dit souvent qu'on ne doit pas juger un livre à sa couverture. Or c'est avec un "mouébof" un peu blasé que le regard se pose sur la BD. Avec des trains enfantins, un décor début XXe, un fourmillement de détails occultes et une police de titre style dessin animé de mercredi après-midi, on se dit qu'on s'engage pour 66 pages de Martin Mystère contre les fantômes. Damnation.
Dès lors, quelle bonne surprise de trouver dans cet opus tiré du catalogue de Tchô (terrain de jeu de Zep et sa bande) un univers extrêmement vaste boosté par une intrigue solide.
Sebastien Melmoth se présente comme "spécialiste reconnu de l'étrange" et dirige Pépin Cadavre, agence chargée d'enquêter et de remédier à des situations dépassant l'entendement des mortels. Assisté de ses trois chats, l'homme sans âge utilise une panoplie de gadgets et de sortilèges pour mener à bien ses missions, peu importe le commanditaire...
Malgré les dessins naïfs de Kernel et la personnalité des principaux personnages se résumant à une émotion (clairement axés jeunesse, on ne va pas se mentir), Olivier Milhaud puise dans tout un tas de folklores et de légendes pour créer un univers original, pourvu d'un bestiaire hallucinant, où les subtilités du scénario résident dans un vrai souci du détail. Le principe de la chasse rappellera aux adeptes du genre les Sakura, Bleach, et parfois même certaines ambiances miyazakiennes et lovecraftiennes (ça en fait du monde).
Avec un ton un brin plus adulte et un traitement plus appliqué des personnages, ce John Constantine à la française aurait le potentiel de s'élever aux côtés de Hellboy.