En attendant craintivement les suites estampillés Ridley Scott, le monde de la BD nous propose sa vision de l'histoire reprenant les éléments du film. Fire and Stone commence banalement comme une mini-série en quatre tomes, mais de fil en aiguille, c'est tout un arc scénaristique qui vient mélanger plusieurs séries différentes mais liées d'une façon où d'une autre à la mythologie Alien. Au programme, la suite direct de Prometheus donc, suivi d'Aliens, Aliens vs Predator, Predator et un retour à Prometheus via un épilogue sous-titré logiquement Omega.
L'histoire commence 40 ans après les évènements d'Alien 3 (auquel viendra se joindre un flashback période Aliens) et raconte l'investigation mené par tout un équipage cherchant la vérité derrière les évènements qui se sont produits sur LV-223. Forcément, avec toutes les années passées depuis le métrage, la planète a bien changée, et le fameux liquide noir a permis à toute une faune et flore de naître. L'équipe artistique derrière tout ça s'est fait plaisir en donnant un aspect xénomorphien à a-peu-près tout et n'importe quoi, en allant du singe forestier à des requins de taille XXL. Les mutations entrainés par cette substance deviennent un régal pour tout amateur de bizarreries biologiques, et de nouveaux effets inédits vont même être proposés, pour le meilleur et le pire.
À défaut d'apporter des réponses sur le lore, Fire and Stone divertit en proposant une ménagerie qui ne laisse pas de marbre. La part belle est surtout laissé à l'action, en partie aussi l'horreur graphique vers laquelle le scénario ira généreusement tendre en milieu de parcours. La répartition des diverses séries à différents auteurs entraine malheureusement son lot d'incohérences, que ça soit par rapport au film (le liquide noir agit ici aussi sur les êtres artificiels) ou par rapport à la continuité globale de l'arc scénaristique (tout un tas d'éléments sont abandonnés en cours de route sans qu'on ait le moindre indice sur leur conclusion). L'épilogue laisse d'ailleurs nettement sur sa fin avec cette non-conclusion.
On retrouve le même souci avec les dessins, les artistes se succédant et chaque mini-série n'étant du coup pas traité de manière égale. Le character-design fait du coup le yoyo d'un pan d'histoire à l'autre, et l'on ne savoure bien évidemment pas de la même manière chaque série de cet arc.
Au final, ça reste divertissant pour qui apprécie l'univers d'Alien, et à défaut d'apporter des réponses, on savoure sans soucis les séquences d'actions et le travail sur le design des diverses créatures infectées. Mais pour peu qu'on soit regardant sur la cohérence globale de l'univers et du scénario, on est vite déçu. Si l'ambition de faire un gros morceau se ressent, le résultat mi-figue mi-raisin saute vite aux yeux. Assez dommage, le potentiel était là.