Je n’ai jamais rien lu de Clarke. Et pourtant, il est le dessinateur de la bien connue « Mélusine ». C’est ainsi un changement de style radical que le dessinateur effectue en proposant « Réalités obliques », un one-shot en noir et blanc dérangeant, où fantastique et onirisme se côtoient. Paru au Lombard, l’ouvrage titille les 160 pages.


Clarke nous propose plus d’une vingtaine de petites histoires de 4 pages carrées, chaque page contenant elle-même quatre cases carrées. Chaque scène possède une composante plus ou moins fantastique (on est souvent dans l’idée du cauchemar, à la frontière du réel). Le tout se veut dérangeant et c’est plutôt réussi. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la démarche de Franquin et de ses « Idées noires ». Même si le contenu reste différent, on reste sur un auteur qui change de style vers des histoires plus glauques et avec un noir et blanc poussés dans ses retranchements.


Si toutes les histoires sont loin d’atteindre le même niveau, la qualité est de mise. Clarke maîtrise son rythme de 16 cases pour faire monter la tension et aboutir sur une dernière case qui, souvent, donne le sens au reste. En cela, les histoires de Clarke ne coulent pas toujours de source et nous surprennent. Une lecture trop rapide ou en diagonal amène parfois l’incompréhension. Tout est pesé, tant dans les textes que dans le dessin. Et le résultat est réussi : on est mal à l’aise face à ces histoires qui touchent à nos phobies les plus primitives.


Concernant le dessin, difficile de ne pas penser au « Sin City » de Frank Miller. Il semble que ce soit l’influence majeure de Clarke sur cet album. Malgré tout, les cadrages, les clairs-obscurs forcent le respect et on sent un auteur en pleine possession de son art. Surtout que beaucoup de scènes possèdent peu d’action, le dessinateur change les points et angles de vue intelligemment.


« Réalités obliques » est une œuvre qui permet à Clarke de présenter une autre palette de son talent. Si on pense beaucoup à Franquin et Miller pendant la lecture, difficile de ne pas adhérer à l’ouvrage, dont l’ambition initiale est atteinte. Un beau livre, simplement.

belzaran
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le 25 nov. 2015

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belzaran

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