Citizen Cop
(Critique éditée souvent) RoboCop : Mort ou vif représente en fait le film RoboCop 3 tel qu'il aurait dû être ; sans édulcoration, ni censure, ni gamin auquel on est censé s'identifier. On retrouve...
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le 11 sept. 2017
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Ce qui suit est la critique de la seconde partie de l’intégrale américaine The Complete Frank Miller’s Robocop Omnibus comprenant l’arc Robocop : Last stand et l’épilogue Rebirth of Detroit, réunis en français dans le volume intitulé Robocop : Mort ou vif, l’intégrale.
Suite à sa révolte contre l’OCP et l’affrontement avec leur cyborg psychopathe, et après avoir vaincu leur milice privée, Alex « Robocop » Murphy est désormais considéré comme hors-la-loi. Alors que les journaux TV ne cessent de manipuler l’opinion en présentant Murphy comme un assassin et que l’OCP poursuit sa politique de « nettoyage » des quartiers pauvres de Detroit, le vieux directeur de l’Omni Consumer Product fait appel à l’ambitieuse Juliette Faxx pour trouver le talon d’Achille de Robocop et expliquer pourquoi Murphy est le seul homme à avoir su s’adapter à son corps de cyborg. Recueilli et soigné par Marie Lacasse, une jeune programmeuse fan de ses exploits, Murphy se joint bientôt à la résistance populaire et doit faire face au dénommé Otomo, un cyborg japonais aux multiples clones, envoyé par Faxx pour le détruire.
Le premier arc Frank Miller’s Robocop ne m’ayant que peu convaincu, j’enchainais donc sur sa suite directe, le comic Robocop : Last Stand (Mort ou vif en français), adapté du scénario original de Frank Miller pour Robocop 3 et autrement plus sombre, violent et satirique que la daube cinématographique réalisée (et réécrite) par Fred Dekker. Du film de Dekker, le comic Mort ou vif n’en partage que lointainement la structure. On y retrouve le même robot ninja (renvoyant comme souvent à la passion de Miller pour les archétypes de la culture japonaise), le même groupe de résistants luttant contre une milice privée aux méthodes fascisantes, une alliée informaticienne adulte (et non une gamine « géniale » de huit ans). Tout cela dans une intrigue noire et subversive où les apparences ne cessent d’être trompeuses (Otomo et ses multiples clones, les journalistes ne cessant de manipuler la vérité, la petite fille se révélant être un robot mouchard à la Planète hurlante, le faux RoboCain se battant aux côtés de Murphy) et qui fait de Murphy une sorte d’élu, seul homme à avoir su s’adapter psychologiquement à sa condition de cyborg. Une piste de lecture intéressante, déjà évoquée dans le précédent tome, et que l’auteur développe ici avec un peu plus de sérieux.
A l’image de son chef d’oeuvre, The Dark Knight Returns, et très loin de l’édulcoration voulue par Dekker pour le film, Frank Miller se sert aussi du contexte chaotique de son intrigue pour critiquer ouvertement la déshumanisation galopante des grands conglomérats politico-industriels et la manipulation constante des médias, et place finalement tout l’espoir de son intrigue dans la révolte d’un groupe populaire se dressant face à des instances oppressives qui ne font même plus l’effort du moindre dialogue social (en cela, l’auteur lorgne ouvertement sur l’oeuvre orwellienne). Bien que moins sanglante que ne l’était le premier volume Frank Miller’s Robocop, la satire est tout aussi cruelle et dérangeante, et peuplée de stéréotypes (technocrates obsédés par le profit, agents corrompus, journalistes sans intégrité) tous aussi pourris, caricaturaux et détestables. Mais globalement le récit reste plus sobre et la pilule passe beaucoup mieux, notamment grâce au travail artistique effectué par l’artiste turc Korkut Oztekin.
On sera ainsi en droit de préférer la patte graphique de ce dessinateur à celle plus excessive de Juan José Ryp dans le précédent volume. Engagé par Steven Grant (toujours en charge du travail d’adaptation) et Frank Miller, Oztekin se détourne ainsi des planches tout bonnement chaotiques de son prédécesseur pour leur préférer des illustrations plus aériennes et sombres, nettement plus agréables à regarder. La coloration plus crépusculaire de ce second arc et l’atmosphère de ville embrasée qui s’en dégage séduira immanquablement l’oeil du lecteur et nous venge définitivement de l’ambiance easy street de la purge Robocop 3, d’autant plus qu’on aura le plaisir d’y retrouver le fameux RoboCain du film de Kershner (dirigé cette fois non pas par Cain mais par le « ghost » de Marie, l’alliée de Murphy). L’occasion de trouver ici quelques illustrations iconiques dont celles, absolument réjouissantes, voyant Robocop et RoboCain mener une révolte populaire face aux gangs criminels dans l’épilogue Rebirth of Detroit, lequel se clôture sur une note ô combien symbolique. Un bon moyen pour Frank Miller de signifier par le tag d’un enfant que, même dans un monde aussi pourri que celui de Robocop, l’espoir demeure.
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le 16 août 2021
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