Rôles de composition
C’est avec beaucoup de pudeur et de sensibilité que Jimmy Beaulieu nous présente ses héroïnes des temps modernes. A la fois déterminées et indécises, tendres et fortes, délicates et sensuelles, elles...
le 22 déc. 2016
Jimmy Beaulieu m’avait bluffé en 2011 avec « Comédie sentimentale pornographique », un ouvrage fleuve multipliant les histoires érotiques et sentimentales avec une inventivité graphique rafraîchissante. Depuis, on attendait un nouvel ouvrage BD avec impatience. C’est chose faite avec « Rôles de composition », un one shot de 160 pages paru aux éditions Vraoum.
La première satisfaction est que Jimmy Beaulieu n’est plus dans une rédaction de scénarios foutraques. Alors que ses précédents bouquins étaient parfois des mélanges d’histoires glanées ça et là, « Rôles de composition » est une histoire construite sur un couple de femmes, des débuts jusqu’à la fin. L’ouvrage est mieux calibré pour le public, moins bordélique. On pourra trouver qu’il perd un peu en charme, mais Jimmy Beaulieu construit son livre en chapitre espacés de larges ellipses, ce qui fait qu’on retrouve l’univers de l’auteur.
Jimmy Beaulieu n’a pas beaucoup changé. On retrouve tout ce qui constitue ses œuvres : des lesbiennes, du sexe montré de façon complaisante, des discussions au coin du feu (ou du lit), la musique… Pour le coup, l’auteur s’étant assagi, le tout paraît un peu vain. C’est finalement une histoire de couple banale qui nous est proposé. Seul le spectre du théâtre et du cinéma apporte une certaine originalité. Au final, on lit le livre avec plaisir, mais il n’en reste pas grand-chose. On est bien loin de l’originalité de « Comédie sentimentale pornographique » ou « À la faveur de la nuit ».
Au niveau graphique, si on reconnaît la patte de l’auteur, les choix tendent également à moins de folie. Alors qu’il avait su m’éblouir avec des changements de médiums (lavis, crayon, pastels…) dans un même livre, Jimmy Beaulieu se contente d’un encrage sobre colorisé en bichromie. Un chapitre, une couleur. Le tout en numérique. Quelle perte de charme ! Bien sûr, ses femmes sont toujours aussi belles et leur corps reste le sujet principal de l’ouvrage. Mais les choix graphiques de Jimmy Beaulieu appauvrissent son trait. Quel dommage !
Jimmy Beaulieu s’est clairement assagi sur cet ouvrage. Si on retrouve le trait et les thématiques de l’auteur, il perd fortement en originalité. On se retrouve finalement avec une histoire banale d’un couple qui évolue avec le temps. Mais je n’ai pas retrouvé ce grain de folie qui faisait tout le charme de sa bibliographie.
Créée
le 8 févr. 2017
Critique lue 123 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Rôles de composition
C’est avec beaucoup de pudeur et de sensibilité que Jimmy Beaulieu nous présente ses héroïnes des temps modernes. A la fois déterminées et indécises, tendres et fortes, délicates et sensuelles, elles...
le 22 déc. 2016
Du même critique
Riad Sattouf a commencé sa carrière de bédéaste en racontant ses jeunes années. Que ce soit son adolescence avec « Le manuel du puceau » ou son enfance avec « Ma circoncision », on a senti dès le...
Par
le 16 oct. 2014
50 j'aime
Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...
Par
le 22 févr. 2019
38 j'aime
Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...
Par
le 24 févr. 2021
24 j'aime
1