J'aurais voulu mettre une note supérieure à Sakura-Gari, c'est un manga qui le mérite : sous ses dehors un peu yaoi-shôjo romantique, son scénario et ses personnages sont prenants. Partant d'un postulat assez classique (une relation entre un maître de bonne famille et un jeune homme issu de la classe laborieuse), Yuu Watase tisse des rapports troubles, dessine le portrait d'une famille dégénérée, le désespoir de personnages pris au piège de leurs conditions et de leurs sentiments. Le dessin est parfait (on aime ou pas le style de Watase, ceci dit), chaque détail est soigné, Sakura-Gari donne l'impression d'une travail mûrement pensé et mis en oeuvre, sur tous les plans.
Alors pourquoi une note si basse ?
Parce que trop, c'est trop. Yuu Watase torture ses personnages au-delà du crédible, elle finit par rendre tout ceci invraisemblable. Naturellement, un manga yaoi n'a pas nécessairemment la vocation d'être réaliste mais il est agaçant de voir Sakura-Gari, jusque là relativement juste dans la psychologie des personnages , se vautrer sur l'éternel cliché du héros auquel il arrive les pires choses mais qui s'en relève avec le sourire. Suicide, viol, mutilation, meurtre, tout y passe, là où la violence aurait pu rester purement psychologique sans rien perdre de son impact. A ne pas vouloir faire les choses à moitié, Yuu Watase est allée, à mon avis, un peu trop loin. Ce n'est pas tant l'intensité de la violence faite aux personnages (on a vu pire) qui pose problème que sa presque gratuité.
Reste une très belle mise en scène, plusieurs personnages fascinants et - de mon point de vue - une scène d'amour (d'amour, j'insiste) qui demeure aujourd'hui l'une des plus belles que j'ai lues dans un yaoi.