Riad tue le père !
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Lors du festival Quai des Bulles de Saint Malo, j’en ai profité pour obtenir ma troisième dédicace de Clément Fabre. Le dessinateur officiait avec un troisième scénariste différent, ici en la personne de Joseph Saffieddine. « Salade, tomate, oignon » est un recueil de saynètes faisant intervenir deux personnages (parfois plus) en plein dialogue. Les situations sont souvent absurdes et touchent à toutes les couches de notre société. Le tout est publié chez Vide Cocagne.
L’humour de Safieddine touche à l’absurde et peut se faire trash. Àmes sensibles s’abstenir ! Ainsi, l’une des premières scènes est un modèle du genre. Une nana est invitée chez un mec et elle se retrouve dans un immeuble complètement glauque avec des gitans qui attaquent la porte… La plupart du temps, c’est plutôt réussi, même si l’inégalité de qualité est de mise ici. Globalement, on lit avec plaisir les différentes histoires et on sourit devant les réparties des personnages. Mais comme tout ouvrage d’absurde, on reste parfois à côté du chemin devant certains passages.
Si les chutes ont souvent un intérêt, ce sont les dialogues qui sont mis en avant. Les grandes gueules sont légions, des collègues de bureau en passant par les mecs de banlieue, sans oublier les petites vieilles bien sûr ! Clairement, c’est dans les passages les plus trash que « Salade, tomate, oignon » touche à la grâce. Racisme et misère humaine sont portés à leur paroxysme dans certaines scènes, et c’est là que le livre se déguste pleinement. Hélas, à la lecture des histoires les unes après les autres, une lassitude s’installe devant certaines répétitions. On est moins surpris. Typiquement, « Salade, tomate, oignon » est fait pour être lu aux toilettes, une scène après l’autre.
Concernant le dessin, le trait simple de Clément Fabre est parfaitement adapté aux histoires, essentiellement dialoguées. Il sait donner suffisamment d’expression à ses personnages pour que cela fonctionne. J’étais surpris de ne pas le voir aquareller le tout, mais il a densifié son encrage pour proposer un dessin en noir et blanc très réussi.
De nombreux guests interviennent dans le livre, offrant des personnages aux strips. Honnêtement, j’ai trouvé ça sans intérêt, voir contre-productif. À de rares exceptions près, les styles des dessinateurs ne sont pas du tout adaptés au style de Clément Fabre et se voient comme le nez au milieu de la figure. Plutôt que de transcender les strips, cela gêne la lecture. Dommage.
« Salade, tomate, oignon », comme beaucoup de livres du genre, propose des scènes plus ou moins réussies. L’inégale qualité de l’ensemble n’enlève rien à la puissance de certaines histoires. Un livre qui se lit rapidement, sans prétention.
Créée
le 9 déc. 2015
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