Pendant des années, moi et mon ami Ermite Moderne nous sommes moqués du cliché stupide de dire à propos d'une oeuvre quelconque "les mecs qui ont pondus ça, ils ont vraiment pris de la drogue." Lui estimait que c'était une forme de facilité intellectuelle, qui consistait souvent à dire "holalala, c'est très créatif mais je sais pas quoi en dire..." et moi je trouvais que c'était une remarque d'ignorant étant donné que pour créer sous drogue il faut parfois être balaise : tenir un stylo en état d'ivresse ou tenter de faire des croquis sous l'influence d'une substance qui vous pousse à ne pas quitter votre fauteuil est compliqué.
De plus, c'est une facilité qui permet de virer tout ce qui est absurde ou expérimental et de mettre ça dans un tiroir avec une espèce d'étiquette : "c'est débile, c'est un truc de drogué" alors qu'il y a TELLEMENT plus que ça. En bd, je suis fan de Kamagurka (Cowboy Henk), de Charlie Schlingo, de Fred, de Goosens, d'Edika, de Pierre la Police, de la bd Grotesk, etc... Tous font de l'absurde mais à des tonnes de degrés différents et chacun a sa patte propre.
Pourtant, à la lecture de Shrimpy et Paul, cette bd m'est tombée des mains et je me suis dit "on dirait un sale trip de drogué" : ça part dans tous les sens, ça n'est pas particulièrement drôle ni attachant. J'ai fait lire la bd à mon camarade Ermite qui m'a dit "on dirait effectivement ce genre de récit tentant de retranscrire une expérience de délire de fumeurs de cannabis."
J'ai tenté plusieurs fois de le finir, un peu comme une soupe au goût bizarre qu'on doit finir avant de se dire qu'on en reprendra plus. Tout ça semblait dire "je fais ce que je veux, moi ça me fait marrer, rien à foutre" même si je dois avouer qu'à la fin, la bd gagne en structure avec une histoire plus longue, des personnages récurrents et une situation qui gagne quand même en maturité. Pour résumer l'histoire : c'est des trucs bizarres qui arrivent à des personnages bizarres.
Mais je peux pas dire que j'ai aimé.