L’idée de départ de Singes est bonne puisqu’elle propose un panorama étendu des rapports entre l’homme et les primates. Aurel raconte aussi ses rencontres avec un intellectuel, des primatologues et une soigneuse. Le lecteur se rend compte que la captivité des singes est un bien comme un mal, que l’empathie de ces animaux est bien plus développée qu’on peut le penser ( exemple du singe sauveteur ou d’un mâle macaque s’occupant d’un petit pendant des mois), mais aussi que l’alimentation des singes est plus complexe qu’elle puisse paraître ( un singe absorbant des feuilles le protégeant du paludisme).Sans être donneur de leçons et en proposant une approche dans la curiosité bienveillante, Aurel a réussi un roman graphique bien mené. Ses touches d’humour dans le dessin permettent aussi au support de ne pas tomber dans une didactique trop pesante. J’ai bien aimé les expositions sur la cohabitation des hommes et des singes. Un exemple très simple prouve que le tourisme de masse a nui aux réflexes de recherche de nourriture des primates car des touristes les nourrissaient de bananes. S’en sont suivis des phénomènes de vol d’objets ( lunettes, chapeaux) avec troc pour obtenir de la nourriture. Voilà comment une dépendance a engendré une dérive dans le comportement des singes. L’exemple aussi sur les zoos cherchant des idées novatrices pour exposer les animaux prouve bien qu’il y a chez l’homme cette ambivalence entretenue entre protection, préservation et ludisme. Et d’un autre côté, les « réserves-sanctuaires » de singes permettent d’isoler les espèces de primates pour les préserver du monde et de NOUS. Aurel, entre interventions sérieuses et coup de pattes, nous permet de comprendre que le rapport entre hommes et primates est bien sûr à réinventer entre vigilance et œil critique. Lisez Singes, quel genre d’animaux sommes-nous? pour élargir votre horizon, peser les idées préconçues et surtout réaliser que l’homme a plus à apprendre du singe que le contraire.