La fabuleux monde des intermittents du spectacle du cul

J'aime beaucoup l'univers pornographique. Parce que ce que l'on en connaît ce sont surtout des choses négatives : les actrices sont forcément des malheureuses dont on abuse et les mâles sont juste des obsédés un peu crétins qui ont le cerveau dans le bout du gland. Sans parler du fait que les producteurs reflètent bien le capitalisme, c'est-à-dire des gens assoiffés d'argent. De temps en temps, un auteur, un sociologue ou que sais-je, prend le risque de se frotter au métier, de montrer l'envers du décor, de montrer que les acteurs et actrices peuvent être cultivés, intelligents, sains d'esprit ; qu'apprécier le sexe n'est pas un mal (ni un mâle) ; qu'il y a certes des producteurs qui se plaisent à répondre à la demande, mais c'est comme dans n'importe quel marché, mais aussi qu'il y a des gens qui veulent faire des choses bien. J'ai d'ailleurs appris grâce à cette BD que les 'vrais' acteurs avaient tellement les boules que des films porno soient projeté dans des cinémas (dans les années 70-80), qu'ils ont refusé qu'on appelle ces intermittents du spectacle 'acteurs', ils se sont alors retrouvés avec le nom de 'cascadeur' !


L'intrigue fonctionne globalement bine. On découvre l'envers du décor par le biais de deux tournages, en adoptant le point de vue de deux nouveaux venus. Malheureusement, ces personnages sont assez pauvrement exploités : on aurait voulu que ça aille plus loin. Que ce soit d'un point de vue narratif (en creusant leur ressenti au fur-et-à-mesure qu'ils découvrent des choses) ou sociologique (au final, on retiendra plus une fête entre copain qu'une véritable analyse sur le comportement humain, certaines choses sont en plus très brutalement ellipsées alors qu'un approfondissement aurait été plus apprécié).


Le graphisme est sympa. Pas un dessin virtuose qui en marquera plus d'un, juste un style rapide qui fonctionne bien avec le sujet et le style. Ceci dit, les inserts plus réalistes (probablement tirés des films cités) sont chouettes, apportent une autre dynamique à la narration. Pour le reste, c'est lisible, efficace, on voit tout ce qu'il faut voir et les personnages sont suffisamment expressifs (mais ça aurait pu être poussé plus loin aussi). Ce qui m'a étonné, c'est de voir autant de plans de pénétration, au point que cette BD devient elle-même pornographique, mais sans tout le côté sensuel et charnel.


Bref, cette BD est sympa à lire mais on reste un peu sur sa faim.

Fatpooper
6
Écrit par

Créée

le 3 mai 2018

Critique lue 170 fois

4 j'aime

2 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 170 fois

4
2

D'autres avis sur Sociorama - La fabrique pornographique

Sociorama - La fabrique pornographique
Fatpooper
6

La fabuleux monde des intermittents du spectacle du cul

J'aime beaucoup l'univers pornographique. Parce que ce que l'on en connaît ce sont surtout des choses négatives : les actrices sont forcément des malheureuses dont on abuse et les mâles sont juste...

le 3 mai 2018

4 j'aime

2

Sociorama - La fabrique pornographique
Objectif-BD_be
7

Critique de Sociorama - La fabrique pornographique par Objectif-BD_be

Tout d’abord, un petit mot sur la collection Sociorama. La collection Sociorama signe la rencontre entre bande dessinée et sociologie. D’un côté, des sociologues amateurs de BD qui ont créé...

le 22 févr. 2016

4 j'aime

Sociorama - La fabrique pornographique
BenoitRichard
7

Critique de Sociorama - La fabrique pornographique par Ben Ric

La fabrique pornographique, signé Lisa Mandel, d’après une étude du chercheur Mathieu Trachman, raconte les dessous d’un tournage de film porno. Les deux auteurs évoquent tout le contexte propre à...

le 10 avr. 2016

3 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

119 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

107 j'aime

55