Terra Doloris est un récit d'aventure cruel et poignant, une histoire racontant le destin de ces déportés d'Angleterre. Ceux qui sont envoyés dans une prison à ciel ouvert nommée Australie afin de purger un certain nombre d'années de déportation. Loin de leur patrie, où tout est à recommencer, il s'agit de survivre dans un environnement hostile sous un climat de colonie pénitentiaire.
Philippe Nicloux et Laurent-Frédéric Bollée mettent tout leur talent à l'oeuvre pour ce roman graphique à la fois épique, historique et romancé.
Nous suivons le destin de plusieurs personnages: bagnards, capitaine, avocat, révolutionnaire devenu prisonnier politique, ... Le nombre de personnages est impressionnant mais jamais confus. Chaque rôle est clair et leurs positions politiques ou hiérarchiques servent parfaitement le scénario.
C'est cette folie du désespoir, ce déracinement total, ce manque de liberté qui va pousser une famille à s'évader de l'île grâce à une pirogue avec une dizaine d'autres prisonniers à travers l'océan sans pitié. Autant dire que le "voyage" ne sera pas de tout repos...
L'accent est également mis sur le traitement inhumain de l'époque, on exécute sommairement et on torture pour un rien. Des cages de fortunes sont dressées dans les cales des navires afin de transporter les détenus.
Le côté politique ainsi que les rapports entres les différentes nations de cette époque sont très bien traités même pour les non spécialistes de cette période historique et son lourd contexte de guerres colonisatrices.
Un chapitre court mais intense mettra l'accent sur l'incompréhension des natifs face aux coutumes des colons. Un choc total entre 2 mondes, quelques cases qui font réfléchir...
La deuxième partie du récit se consacre à un révolutionnaire Écossais souhaitant à tout prix rentrer chez lui afin de défendre des valeurs nobles pour sa nation. Les nombreuses rencontres, plus ou moins bonnes, qu'il fera lors de son voyage retour contribueront à créer sa légende et assurer sa détermination. Une véritable épopée à travers le monde, partagée entre espoir et désillusion.
Malgré les 350 pages de ce romans graphique, je me suis surpris à ne jamais prendre la moindre seconde de pause tellement les péripéties s’enchaînent à un rythme effréné.
Entre chasse à l'homme, idées révolutionnaires, évasions, naufrage, affrontements tribunaux, bataille navale et autres... Tout cela aurait pu être indigeste mais il n'en est rien !
Il d'agit donc de saluer la performance des auteurs sur cette oeuvre qui deviendra sans nulle doute une BD majeure !