Il fut un temps où j'aimais The Promised Neverland. C'était il y a deux ans de cela, lors de sa parution en France. Ayant découvert ce manga dès sa sortie, j'ai directement été charmé par le scénario, offrant toutes les subtilités que le mot "tactique" a à procurer.
S'évader, mais s'évader stratégiquement. Prendre toutes les variables en compte, essayer de deviner les intentions de l'adversaire, obtenir le matériel en toute discrétion, avoir ou se faire avoir. Récolter des informations, construire une stratégie en fonction des données, etc., rien de mieux qu'un scénario bien complexe, bien maîtrisé, et surtout bien imprévisible. Ne pas pouvoir anticiper la suite d'une histoire, tout en gardant une certaine cohérence dans le récit, et apporter de la fluidité dans la narration en balançant les retournements de situation, voilà ce qui fait la force de certains mangas comme Liar Game.
Rares sont ceux dans ce genre. Créer un scénario complexe mais compréhensible, en se basant sur la psychologie de l'espèce humaine et les failles que peut procurer un système n'est clairement pas à la portée de tous. Et c'est d'autant plus difficile pour un manga venant de débuter, sa vie ne dépendant que de sa popularité auprès des lecteurs.
The Promised Neverland s'en sort bien. L'univers laisse penser à L'attaque des Titans, et il y a assez de mystères pour nous allécher. Les personnages sont en plus assez jeunes et ont un caractère plutôt puéril cachant une grande maturité, et permettent donc d'atteindre un public plus large. Avec en plus une héroïne, le compte est bon, on a tout le monde.
Mais bon. Ça, c'était avant. Les premiers tomes m'auront tenu en haleine jusqu'au jour J, celui de l'évasion, avec d'énormes espoirs en main.
Arriva la suite.
Dès lors qu'une série connaît un minimum de succès, elle ne peut s'empêcher d'essayer de faire un maximum de profits. The Promised Neverland tomba bien vite bien bas. En peut-être deux chapitres - et c'était prévisible -, le manga perd totalement ce pour quoi il charmait. On passe à un jeu de stratégie à un jeu de survie où on passe son temps à buter des démons.
Grosse baisse de qualité, c'est indéniable. Les auteurs ont choisi la voie de la simplicité en suivant un schéma Shônen basique déjà plus que revu, au lieu de continuer sur un scénario complexe et intéressant.
Et il n'en faut pas plus pour que ça fonctionne. Les chiens, une fois appâtés, suivront automatiquement.
Jusqu'à l'arc Goldy Pond, ça va. On garde un minimum de cohérence (par rapport à la suite), une fin potentielle est entrevue, le tout sans vraiment raconter n'importe quoi. Et même si le schéma du Shônen est déjà présent, il ne l'est pas totalement puisqu'on peut y retrouver des brins de stratégies. Bon, des gamins de 12 ans avec des flingues, j'y ai pas trop cru.
Je n'ai pas pu comprendre l'objectif des personnages après Goldy Pond. Essayent-ils vraiment de s'échapper, ou non ?
S'en suivront une série d'imbécilités tellement énorme que la lecture en devient désagréable. On essaie de résoudre certains mystères sans réellement effectuer grand-chose. On s'éloigne de l'objectif de départ. On oublie même les promesses faites, et on comble les défauts avec une chance et des coïncidences incroyables.
Ça passe pas. Ou plutôt, ça passe plus. On part et on reste sur des combats sans intérêt, à toujours buter plus de démons, avec des méthodes et des personnages toujours plus surréalistes.
La fin, Ratri, la capitale, la reine, on ne retrouvera aucune trace, et même aucune similitude du manga tel qu'il était au début. Le manga n'a pas perdu que son charme, sa forme également. Et je puis douter qu'il ait encore le fond.
The Promised Neverland a dégringolé du haut d'une montagne où il était perché, pour se retrouver au fin fond d'un océan emplit de poissons bien méchants. Y'avait de quoi en faire une oeuvre extraordinaire, mais apparemment (ça n'est pas nouveau) les auteurs ont préféré l'argent à l'art. Et c'est bien dommage.