V
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Manga de Gô Nagai et Tatsuya Yasuda (1989)

Cette version manga de la série culte V est clairement un travail de commande. Bon, c'était prévisible – voire même évident – mais si je le précise malgré tout, c'est aussi car c'est un qualificatif qui peut être péjoratif, et sous-entendre un manque d'implication des créateurs dans l'œuvre commandée. Ici, c'est clairement le cas. La présence de Go Nagai – qui supervise le projet – ne se ressent absolument pas, l'adaptation est d'une fidélité exemplaire à l'original ; à croire, justement, que le travail de Go Nagai était de s'assurer que Tatsuya Yasuda ne se montre pas trop zélé et n'essaye pas de modifier le scénario à sa convenance. C'est forcément un peu dommage, dans la mesure où certains thèmes de V font écho à des aspects qui se retrouvent dans les titres de Go Nagai – la « chasse aux scientifiques » de V ressemble à la « chasse aux démons » de Devilman, un exemple parmi tant d'autres – et qu'il y aurait vraiment eu moyen de concevoir un titre emblématique avec ces éléments de base. Mais bon, je suppose que les commanditaires de ce travail n'avaient pas envie de voir cette adaptation différer trop de la série.
Le dessin est joliment rétro, assez typé « années 70 » malgré sa publication fin des années 80 ; pour ceux qui connaissent la version d'origine, la majorité des personnages se reconnaissent, sauf peut-être Willie, gratifié d'un physique plus ingrat et rondouillard, probablement pour souligner son côté « un peu maladroit mais sympathique ».
En terme de rythme, le premier volume « Visitors » s'en sort bien, même s'il nous faut la moitié du volume pour apprendre la véritable nature des Visiteurs ; la révélation, par rapport au format, semble un peu tardive, même si elle est bien amenée. Le second volume « Victory », par contre, adapte une somme de scénario plus importante, pour exactement le même nombre de page ; si le premier volume donnait parfois l'impression d'être un peu rapide, le second est carrément expéditif, en particulier sur la fin.
Le manga de V : une curiosité plus qu'autre chose, destinée avant tout aux amateurs de V. Il avait le potentiel pour devenir exceptionnel, mais son format de seulement deux volumes pour adapter les deux mini-séries, et le manque cruel de liberté dont aura bénéficié l'auteur le condamnent. Après, cela reste V, donc le scénario propose évidemment de belles choses, même si elles se retrouvent trop vite expédiées.
Ninesisters
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le 5 mars 2012

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