C'est l'un des comics les plus improbables qu'ait pu écrire Alan Moore : Violator Vs. Badrock, qui est donc une mini-série où se rencontrent Violator, le principal vilain du Spawn de Todd McFarlane, et Badrock, l'un des membres les plus populaire des Youngblood de Rob Liefeld.
Moore avait déjà écrit une mini Violator en trois numéros un an auparavant (qui est étonnement pas mal) et ce Violator vs. Badrock sert ainsi de suite et de conclusion à cette précédente histoire. Ce récit a été produit par le studio de Liefeld (là où la mini Violator était produite par celui de McFarlane), qui a eu l'étonnante idée de placer un total rookie en artiste : Brian Denham. Et déjà que les scripts de Moore ne sont pas toujours bien servis par les artistes de renom d'Image, imaginez ici avec un apprenti Image-boy...
Graphiquement, c'est vraiment dégueulasse. C'est bourré de maladresses, ça fait très amateur. Si Violator passe à peu près, Badrock est encore plus moche que chez Liefeld et les humains sont tous plus catastrophiques les uns que les autres : toujours ratés et avec un charisme totalement absent. La cerise sur le gâteau est sûrement le nouveau perso de l'ange Célestine. Je ne sais pas si c'est Denham ou Liefeld qui a fait son design, mais c'est une cata. Imaginez Angela, mais en plus extrême : encore plus bimbo, avec une tenue encore plus outrancière, stupide et vulgaire. C'est complètement grotesque et ridicule, et encore plus sous les crayons mal assurés et maladroits de Denham. Et bien entendu, notre artiste n'est pas du tout aidé par la colo numérique horrible de l'époque.
Mais le miracle, c'est que cette mini n'est pas si pénible à lire que ça. Moore n'est bien entendu pas à son meilleur niveau et ce n'est clairement pas son récit le plus ambitieux, loin de là, mais il arrive à concocter une petite histoire fun, porté par des dialogues plein d'humour et on se laisse agréablement porté jusqu'à la fin. Il profite vraiment du fait que Violator et Badrock soient des persos qui ne se prennent pas au sérieux et qui adorent les punchlines et il s'en donne à cœur joie. Le perso de la scientifique Dr McAllister marche vraiment très bien, ce n'est pas du tout la potiche classique mais une chercheuse prête à tout pour étudier les démons scientifiquement et sa dynamique avec Badrock, chargé de sa sécurité, est très amusante.
Globalement Moore a pas mal d'idées sympathiques, et sans que ce soit grandiose, c'est vraiment pas déplaisant à lire. A la limite ça manque un peu de jus sur le dernier numéro, qui répète un peu trop ce qui se passe dans le #3 et qui offre une conclusion attendue et sans surprises, mais au final, je trouve que ça reste honnête. C'est vraiment dommage que les dessins soient aussi faibles parce que sinon on a un crossover potache mais tout à fait sympatoche.