Une histoire correcte dans l'univers de Warhammer 40,000, malheureusement inachevée
Daemonifuge est une bande dessinée de l'univers Warhammer 40,000 publiée en version originale en 3 "livres" de 1999 à 2003. La version française ne comprend hélas que les deux premiers livres et restera donc inachevée.
Elle met en scène Ephrael Stern, soeur de bataille de l'Adepta Sororitas de l'Empereur, unique et mystérieuse rescapée d'un massacre ayant eu lieu sur la lointaine planète Parnis. Elle a perdu la mémoire de ce qu'il s'y est déroulé. Après avoir survécu aux tests de l'Inquisition, Ephrael et l'inquisiteur Silas Hand retournent sur Parnis pour comprendre les faits. Ils vont se retrouver confrontés à la menace d'un démon majeur de Slaanesh, le dieu tentateur du Chaos.
Disons-le d'entrée, seuls les fans de l'univers Warhammer 40,000 sont à même d'apprécier cet ouvrage. Les autres seront vite rebutés par un cadre et des factions mis en scène sans explication et une plongée directe dans des combats et des dialogues emplis d'ellipses dont il vaut mieux connaitre à l'avance le contexte pour s'y retrouver.
Par contre, pour ceux qui apprécient cet univers, l'histoire n'est pas mauvaise. Même si son scénario ne sort pas du lot des nombreux récits de corruption démoniaque et de conflits entre l'Imperium et le Chaos, les protagonistes sont plutôt originaux. Ce n'est en effet pas dans tous les récits du genre qu'on trouve un soeur de bataille comme héroïne, ni qu'elle soit amenée à collaborer avec l'Inquisition, à affronter les démons de Slaanesh puis les eldars noirs avec l'aide d'un ancien arlequin eldar.
Trois dessinateurs ont collaboré aux deux chapitres inclus dans cet album. Le graphisme des deux premiers est assez proche. Tout en teintes de gris, souvent fortement assisté par ordinateur, il s'attache en quasi exclusivité aux personnages, offrant des décors un peu trop vides, schématisés ou décevants. Techniquement, le résultat est également assez mitigé, avec des personnages raides, parfois peu reconnaissables et sans vie. Le troisième dessinateur, par contre, a un style beaucoup plus classique et maîtrisé. La transition est très abrupte vis-à-vis des deux auteurs précédents mais c'est pour offrir des planches d'une très bonne qualité, hélas simplement sur les dernières pages de l'album.
Le noir et blanc de l'ensemble est parfois regrettable car trop sombre et terne, mais cela vaut mieux que des couleurs ratées.
Par contre, il est fort dommage que ce récit soit confus au niveau de la narration et répétitif au niveau de la trame. Certains passages manquent franchement de clarté, et la faiblesse du dessin n'aide pas à les comprendre beaucoup mieux. Ce n'est souvent qu'après coup qu'on devine à peu près ce qu'il s'est passé. Le scénario parait de plus décousu, comme si les scénaristes imaginaient la suite au fur et à mesure, abandonnant aussi certaines idées en cours de route.
En outre, une des bases de l'intrigue, c'est que, à l'exception temporaire de deux personnages du récit, l'Inquisition impériale est bornée et souhaite la mort de l'héroïne sans même chercher à percer à jour les bienfaits de ce que son savoir peut apporter. C'est donc une chasse à l'homme qui s'engage sans autre raison que l'étroitesse d'esprit de ces serviteurs de l'Empereur. C'est rageant quand on a déjà lu du Dan Abnett et qu'on y croise des inquisiteurs aussi intelligents qu'Eisenhorn ou Ravenor.
Et une fois que cette chasse est engagée, le récit se bornant à la fuite en avant de l'héroïne est moins intéressant que l'enquête sur le mystère qui l'entoure du premier chapitre. Sans parler des interventions un peu trop Deus Ex Machina du Chaos ou des pouvoirs de l'héroïne quand ça arrange les scénaristes.
Objectivement, ce n'est donc pas un scénario bien terrible et le graphisme est moyen. Par contre, il est agréable de voir mis en image et en récit de manière correcte l'univers de Warhammer 40,000, avec une intrigue longue et dense. J'ai notamment préféré cette histoire à celles de la série plus récente, Warhammer 40,000, ayant trouvé ces dernières nettement moins ambitieuses et trop restreintes au niveau scénario.
Par contre, l'histoire restant inachevée, son achat est évidemment frustrant et à réserver aux seuls fans bien renseignés.