Les mutants sont à l'agonis suite à House of M. Leur race, pourtant menacée d'extinction, continue de se déchirer entre diverses factions. Et dans l'ombre, les groupuscules sapiens extrémistes guettent le moment opportun pour en finir avec les démons au gène X.
Puis un enfant voit le jour. Cérébra s'illumine, l'espoir revient dans les cœurs mutants. Messiah Complex commence à cet instant précis, puis ce crossover géant rassemblant toutes les familles X narre la terrible guerre afin de s'emparer du premier mutant depuis le jour M.
A l'arrivée, on ne distingue pas moins de 7 camps s'entre-déchirant à travers le globe. Tous ont des objectifs divergeant pour le nouveau né et c'est ce qui donne cette folle dynamique au récit. On passe d'un groupe à l'autre, d'un combat au suivant. La course poursuite s'étale, ne s'arrête guère longtemps, tout au plus le temps d'éclaircir les rangs entre les différentes armées. Les cadavres tombent, les bâtiments s'écroulent, le sang colore d'une teinte sinistre les neiges d'Alaska.
Les affrontements majeurs marquent considérablement. En premier lieu, la ville de naissance de l'enfant réduite en cendres. Cet événement sert de premier épisode au crossover, une introduction magistrale, avec une narration maîtrisée mais surtout Silvestri qui se donne comme jamais. Pour moi, cet épisode constitue son chef d'oeuvre et je suis un grand fan de son graphisme. En quelques pages, une couverture parfaite, des personnages puissants et superbes, une ville en flamme léchée, Silvestri immortalise la naissance apocalyptique d'Hope. Juste deux mots sur le dessin en général: c'est un crossover donc forcément beaucoup de mains, toutefois l’homogénéisation se montre efficace avec les autres dessinateurs qui s'alignent sur Silvestri (hormis pour Ramos qui n'en fait qu'à sa tête, et ça fait tâche).
L'affrontement dans la neige est aussi pas mal du tout au scénario, conservant une bonne intensité et des enjeux sérieux dans le premier tiers du récit. Quant au combat au manoir, personnellement j'en suis fan. Tous les x-men et jeunes mutants se donnent à fond, les blessés sont menacés, et surtout le doute s'installe chez nos héros: qui a introduit ces nanos-sentinelles chez eux? La révélation arrivera au bon moment et d'une manière intéressante.
Malgré un zapping omniprésent entre les personnages qui limite forcément le développement de chacun, je trouve que Cyclope tire son épingle du jeu. On le découvre plus que jamais auparavant en chef de guerre, il ose prendre des décisions difficiles et d'autres borderlines, il fait taire les protestations, impose son autorité et refuse la faiblesse.
La force de la trilogie du messie - au-delà de ses conséquences pour la continuité et de son aspect action démesurée - demeure tout la construction de la figure d'Hope. Ici, elle est à peine une nouveau née mais déjà les parallèles bibliques se multiplient, et le messie montre son potentiel. Le massacre des nouveaux nés ; aucun parents connus ; un père d'adoption l'acceptant comme sa propre fille ; l'espoir d'un prophète qui guidera le peuple mutant. Rajoutons à ces éléments la guérison miraculeuse d'un personnage par simple contact et la résistance à un pouvoir qui d'ordinaire se révèle mortel.