En 2009, Riff Reb’s publie « À bord de l’Étoile Matutine », librement adapté du roman de Pierre Mac Orlan. C’est le début d’une trilogie d’adaptation de romans et nouvelles maritimes, dont le point d’orgue sera « Le loup des mers », ouvrage puissant, véritable chef d’œuvre à la beauté plastique évidente. Paru trois ans plus tôt, « À bord de l’Étoile Matutine » laissait-il présager un tel succès ? Le tout est publié chez Soleil, dans la collection Noctambule pour pas moins d’une centaine de pages.
Le livre raconte l’histoire du mousse du bateau en question, l'Étoile Matutine. Âgé, il ressent le besoin de raconter les histoires qu’il a vécues. Plus qu’un long fil rouge, le bouquin s’articule sur des chapitres relativement indépendants, racontant des anecdotes disparates. C’est peut-être là le plus gros écueil de cette bande dessinée. Il manque un conducteur général et on a l’impression de lire différentes histoires plus que l’histoire des gens du bateau.
Une fois passé l’idée que l’on a entre les mains une série d’anecdotes, difficile de lâcher le livre. Chaque chapitre possède sa propre couleur et ambiance, et tout le monde y trouvera sa préférence. On y retrouve aussi bien des histoires de pirates classiques (la femme capturée dont on ne sait trop que faire) que des parties teintées de fantastique.
Adaptation littéraire oblige, la narration est très présente. Les textes de qualité sont parfaitement mis en image par Riff Reb’s qui leur donne d’autant plus de force. Son trait, expressif et parfaitement lisible, est un modèle du genre. On s’arrête régulièrement sur les cases pour admirer son travail. Et pourtant, tout est fluide dans ce découpage. C’est un excellent travail qui nous est proposé sur tous les plans.
« À bord de l’Étoile Matutine », de par ses anecdotes disparates et décousues, ressemble plus à « Hommes à la mer » qu’au « Loup des mers ». On retrouve les ingrédients qui feront la saveur de cette trilogie : la mer, la narration omniprésente, les ambiances et ce dessin superbe qui sublime tout le reste.