Il m'a fallu du temps pour venir à bout de cette bande dessinée... Il faut dire que devant ce récit fleuve et chahuté de la vie de Claudia Demongeot, mère de Mylène, il y a tellement de choses à raconter et les péripéties inattendues sont tellement nombreuses qu'il faut s'accrocher...
Sans doute que le scénario, un peu trop linéaire, malgré les flashbacks, aurait gagné à adopter une approche plus originale. Malgré tout, le « matériau » est là et justifie de lire cette BD. La vie de Claudia est digne d'un roman : elle a vécu une histoire extraordinaire, aux quatre coins du monde, de la Russie à la Chine, en passant par Singapour, le Vietnam ou la France.
Elle a aussi connu de grandes difficultés, dès son enfance. C'était une femme très courageuse, qui ne s'est pas laissé abattre par un destin qui laissait pourtant peu de place à l'espoir... Son itinéraire de femme libre, à une époque très dure pour la gent féminine, montre tout le chemin parcouru depuis par nos sociétés... et le chemin qu'il reste encore à parcourir.
Je ne peux que saluer et remercier Mylène Demongeot pour nous avoir transmis le récit de sa famille à travers son roman « Les Lilas de Kharkov ». C’est une histoire très touchante : on sent l’amour et l’admiration que Mylène portait à sa mère, même si celle-ci fut parfois rude… Ce que l’on peut comprendre après les épreuves qu’elle a vécues.
L’arrière-plan historique est lui aussi passionnant. On commence dans la Russie tsariste, bientôt renversée par la Révolution bolchevique, avant d’entrer dans les années folles, à l’autre bout du monde, dans la haute société des expatriés, en Extrême-Orient. Puis vient la Seconde Guerre Mondiale… et peu à peu, le récit se décentre de Claudia pour suivre la vie de Mylène. Qui, de jeune fille à l’enfance malheureuse, chahutée en raison de son strabisme, revivra après une opération pour le corriger, avant de devenir la grande star de cinéma que l’on connaît.
Le roman de Mylène Demongeot a été joliment adapté en bande dessinée par Catel Muller et Claire Bouilhac. Un duo talentueux, qu'on a déjà vu à l’œuvre dans d'autres projets réussis, comme l'adaptation de « La Princesse de Clèves » (entre autres). J’ai toujours ma préférence pour le style de Bouilhac, plus abouti et chaleureux, mais Catel s’en sort bien également, même si la mise en couleur de sa partie laisse plus à désirer. C’est toujours un plaisir de retrouver ces deux autrices, qui ont un sixième sens pour dénicher des sujets originaux et forts.
Que l'on soit fan de Mylène Demongeot, brillante actrice… et conteuse, du duo Catel et Bouilhac, ou encore d'histoire, notamment celle si mouvementée du 20e siècle, « Adieu Kharkov » est une bande dessinée très intéressante qui vaut la lecture.
Critique à retrouver sur mon blog ici.