All-Star Superman par Rohagus
J'ai été un peu décontenancé par la lecture de cette série qui était pour moi la première la lignée des "All Star" de DC Comics. Il s'agit en effet de revisiter un personnage comme Superman en le plaçant dans un contexte totalement libéré des contraintes de l'univers classique de DC. Libre donc à l'auteur de faire mourir le héros, de faire agir ses ennemis de manière totalement différente des canons de la série, de créer de nouveaux personnages et de bouleverser certains points considérés comme admis par les habitués de l'Homme d'Acier.
Grant Morrison fait le choix de placer Superman et Métropolis dans un décor futuriste, où les voitures volantes et les vols spatiaux sont la norme. Dans ce cadre là, Clark Kent n'a pas encore avoué à Lois Lane qu'il est Superman, il existe une légion des Supermen du futur, descendant du héros bien connu, et Morrison a inventé un super-scientifique, le Dr. Quintum, dont les capacités et l'organisation au service du Bien et de la supra-science font presque poids égal avec les pouvoirs illimités du Super-Héros.
Tout semble tellement en place à la lecture des premières pages que je me suis cru tomber au milieu d'une continuité déjà existante dont il me manquait un peu trop de morceaux. Heureusement, j'ai fini par y retrouver mes petits et à accepter sans trop sourciller les nouveautés, notamment le rôle étrange et un peu envahissant de Jimmy Olsen.
J'ai également été surpris par le rythme narratif. Les douze chapitres composant cette histoire complète sont presque autant de sous-récits, avec des thématiques souvent dantesques. L'action se déroule très vite, les rebondissements sont nombreux. J'ai un peu été submergé par la densité et le côté versatile de l'ensemble. C'est parfois un peu trop ébouriffé à mon goût.
L'histoire a cependant le mérite d'être originale et plutôt bien menée puisque des éléments des premiers chapitres se recoupent sur la fin. Il n'y a dans tout ça rien de vraiment inattendu mais la liberté de ton permet quelques nouveautés appréciables.
Le dessin, quant à lui, est assez différent des styles classiques de Superman. Le trait de Frank Quitely m'a un peu rappelé celui de Moebius. A noter d'ailleurs qu'il fait le choix de présenter un Clark Kent physiquement différent du super-héros, beaucoup plus tassé sur lui-même, presque laid, avec une vulgarité physique rappelant son statut de fils de fermier : pour une fois qu'il ne cache pas son identité sous une simple paire de lunettes et une mèche de cheveux.
C'est donc là une lecture assez fraiche, un peu fouillis par moment, qui donne un aperçu nouveau sans être totalement révolutionnaire aux récits de Superman. L'intégrale qui vient de paraitre chez Panini contient une histoire complète longue, dense mais plutôt bien construite et assez originale. J'en attendais un peu plus mais je ne suis pas trop déçu.