Je viens de finir la série, et c'est peu être encore un peu trop frais dans ma tête, mais c'est pas le genre de lecture dont on ressort indemne.
Déjà, il y a le style, qui dénote avec le style japonais, et s'inspire un peu du style occidental, mais pas que. Les personnages ne sont pas épurés ni des canons de beauté. On est averti par cela dès les premières cases qu'il ne s'agira pas d'aventures idéalisées (et c'est tant mieux).
Ensuite, il y a l'histoire. Elle est remplie de souffrances et de dualités. La souffrance de tous les personnages, certains qu'on prend au départ pour des crétins, tocards ou de sacrés connards et c'est par là qu'on finit par s'attacher à eux, même en ayant vu leur laideur (chapeau bas, c'est super bien mis en scène). Pour les dualités, il y en a partout, les deux personnages principaux blanko et noiro en français, mais aussi le mal et le pire, le passé et le présent, l'élève et le maître, tout ça.
L'action peut sembler vide, creuse, on semble s'ennuyer dans cette ville. Il n'y a pas grand chose à y faire et le sensationnel n'est pas présent à tous les chapitres. Pourtant, lentement, on y dépeint la noirceur de la société japonaise : La police désemparée et pas franchement intègre, des enfants abandonnés obligés de trouver leur propre moyen de survivre dans un monde crasseux, des écoles qui refusent des enfants, des yakuzas, des mendiants, tout un programme. Et pourtant on n'est pas dégoûté, ni scandalisé, c'est peut être le pire. On suit leurs péripéties pas avec une impatience joviale, plutôt une curiosité légèrement malsaine.
Et là,en lisant ces lignes, si vous n'avez pas lu le manga, vous vous dites que c'est quelque chose de simplement très dur, un genre de drame social. Pas tout à fait. Amer Béton, c'est aussi du rêve, de l'amitié, de l'espoir et des bastons crues à souhait (on n'est clairement pas dans une pub touristique).
Vous l'aurez compris, amateurs de manga qui ne vendent pas du rêve : ce titre risque de vous plaire