Anthologie American Splendor : Volume 1 par aaapoumbapoum

Harvey Pekar décédait au début de l’été 2010, une abondante œuvre de bande dessinée autobiographique en legs. Originale par sa forme, obsessionnelle par son thème, cette collection de confessions soulevait, derrière son caractère faussement anecdotique, inlassablement la même question : Pourquoi écrire sur soi ?
Or c’est précisément dans la réponse artistique de Pekar que cette écriture autobiographique puise sa forme et son originalité. Si coucher sa vie sur papier nourrit souvent le goût de l’exhibitionnisme ou le désir de dresser le bilan, répond à l’urgence de témoigner de l’horreur ou au besoin de graver dans le marbre un instant précieux avant de l’oublier… qu’importe en définitive ces motifs à la surface, l’autobiographe saisit surtout la plume pour se réapproprier l’image qu’il a de lui-même. Mais jamais Harvey Pekar.


Cas rare, si ce n’est même unique même par son obstination, Pekar n’a de cesse de recourir à l’écriture autobiographique pour offrir son égocentrisme en pâture à des dessinateurs chaque fois différents. Une forme de masochisme étrange qui consiste à mettre en scène l’abandon répété de l’objet suprême chez l’autobiographe, sa propre image.
Perdre un peu du contrôle de sa vie, de son image, de son héritage, pour percer à jour un sujet qui s’étend au-delà de soi – cette fameuse Amérique obsédée par sa splendeur… voilà un projet fascinant qui vaut à lui seul que l’on s’attarde sérieusement sur l’œuvre d’Harvey Pekar.

S; Bapoum
aaapoumbapoum
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le 22 oct. 2012

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