Bande Dessinée.
Sans y regarder de très près, on pourrait avoir l'impression d'avoir devant nous l'adaptation en bande dessinée d'un roman de Paul Auster. Le sujet, un architecte renommé en dépression change de vie...
Par
le 27 déc. 2010
31 j'aime
3
Asterios Polyp est un gros con.
Car Asterios est un architecte de renom, brillant, plusieurs fois récompensé, et enseignant admiré à l'université d'Ithaca. Et qu'Asterios a toujours raison, même quand il a tord.
On connait tous une personne comme Asterios Polyp : très cultivée, parlant avec une grande aisance sur tous les sujets, avec un goût particulier pour ce qui choque, attirant et captivant l'attention de la foule, aussi bien par ses mots que par son attitude assurée et charismatique.
Jusque là pas de problème.
L'ennui c'est qu'à la longue, les personnes comme Asterios sont difficilement supportables : vivre avec elles, c'est comme vivre à l'ombre constante d'une personnalité nombriliste et dévorante. Evidemment Asterios est capable d'aimer, et même aimer passionnément Hana, la fleur de sa vie, artiste sensible qui apporte des formes adoucies à sa vie réglée et intransigeante. Mais la distance qu'Asterios impose à tout et tous n'est pas un simple snobisme ; il y a quelque chose de cassé chez cet homme, que le lecteur sera amené à découvrir doucement.
Preuve s'il en est besoin : aucun des plans géniaux de ce célèbre architecte n'a jamais été construit...
C'est un voyage qui se fait au fil de couleurs pastels et d'un dessin au style très singulier, et très subtil : David Mazzucchelli sait jouer de son trait suivant les émotions de son héros et la nature des relations qu'il lie ou déchire autour de lui. Sans misérabilisme ni arrogance, l'auteur prend son lecteur par la main pour faire le tour d'une vie et d'un pays, de ses exploits à ses désespoirs en passant par le chaos et les accalmies. Les rencontres sont inoubliables, honnêtes et humaines ; à Asterios d'apprendre à accepter l'autre pour se (re)construire.
Un passage en particulier me semble bien illustrer la simplicité du message de Mazzucchelli, et son talent à représenter les moments tendres de la vie : les images accolées et silencieuses d'Hana qui s'habille, se mouche, rit, tousse, dort, pleure, crée... au fil des années, résumé d'un couple aussi fusionnel qu'ordinaire, dans les souvenirs qu'en garde Asterios. Il suffit de cela pour tout comprendre.
A lire absolument, pour la beauté du dessin, pour les idées graphiques, pour une très belle histoire, pour un personnage unique, et pour se comprendre : même les gros cons ont - parfois - besoin de se trouver eux-mêmes.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 28 juil. 2015
Critique lue 735 fois
11 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Asterios Polyp
Sans y regarder de très près, on pourrait avoir l'impression d'avoir devant nous l'adaptation en bande dessinée d'un roman de Paul Auster. Le sujet, un architecte renommé en dépression change de vie...
Par
le 27 déc. 2010
31 j'aime
3
Je devrais commencer cette chronique avec une courte biographie de l'auteur mais je n'en suis pas capable. David Mazzucchelli est un artiste dont la carrière m'a toujours échappé. Avec Frank Miller...
Par
le 8 oct. 2010
26 j'aime
2
Hum. Je me sens un peu navré de ne pas saisir en quoi cet ouvrage est un chef d’œuvre. Je vois que d'un point de vue technique et graphique ça sort du lot. Mais sur l'histoire, ça me laisse un peu de...
Par
le 18 sept. 2014
19 j'aime
8
Du même critique
Je ne regarde pas beaucoup de films d'horreur. J'ai les bases, j'aime bien occasionnellement me poser devant un bon gros film terrifiant avec une bière, un coussin (très important, le coussin) et mon...
Par
le 11 févr. 2015
137 j'aime
9
C'est à peu près le bruit que j'ai fait à certains moments du film, quand ma mâchoire inférieure se mettait en mode veille que j'avais besoin d'un mouchoir pour essuyer ma bave. Parce que wé,...
Par
le 22 juil. 2013
116 j'aime
26
Attention, vous entrez dans une zone de spoil. Lisez le livre et/ou regardez le film avant d'aller plus loin. Je vous ai prévenu. Le film en lui-même n'est pas mauvais : une belle photo, des moments...
Par
le 23 juin 2013
98 j'aime
34