Astra est une astronaute brillante qui s'apprête à être envoyée seule dans une très longue mission. Ça tombe bien, ça à l'air de lui aller. Cependant, simple formalité, avant cette mission, il lui faut passer une nuit et journée dans une villa avec ses proches, avant de les quitter pour toujours.
Œuvre mélancolique sur la solitude, Lisa Blumen arrive avec une facilité déconcertante à retranscrire ce que traverse le personnage principale et ses anciens amis, qui chacun portent leur lot de difficultées.
Le dessin au feutre, sans doute trace de l'expérience dans la bande dessinée jeunesse de l'autrice, donne une touche surréaliste mais épurée, mettant de coté toutes les fioritures pour aller à l'essentiel. Les personnages se retrouvent mis à nu par le dessin, contrastant avec l'environnement bucolique dans lequel ils évoluent. Les nombreuses doubles pages sur la construction du radeau sont également un bon exemple de la pertinence et de l'efficacité de ce dessin. Dans ces moments, Lisa Blumen délaisse totalement les contours pour ne laisser place qu'à la couleur accentuant l'aspect "hors de la continuité" de ces moments, qui sont des métaphores de l'état d'esprit de Nova.
La mise en page est également sublime. L'autrice nous montre sa pleine maitrise des codes de la bande dessinée. La mission spatiale et son gigantisme sont expliqués à travers des bulles de dialogues posées sur des images simples d'insectes, de plantes, de fleurs etc. Deux pages nous montrent le dysfonctionnement d'un couple et de la femme écrasée par son rôle de mère au foyer. Deux pages sublimes qui situent les enjeux de ce personnage de manière précise, sans tomber dans une exposition pâteuse à base de lourds dialogue. La est la force de la mise en page.
Pleine de qualités et sans défaut, cette œuvre est parfaite. Je n'en ai rarement vu viser aussi juste et être aussi bouleversante.