Avec « Achevé d'imprimer », le duo Mabesoone/Mau avait développé un road-movie cynique et morbide. Le duo se reforme pour un autre one-shot, « Au revoir monsieur », huis clos familial implacable. Olivier Mau y tient un propos très noir comme à son habitude, servi par le trait torturé de Mabesoone.

Provence. Augustin vit avec ses parents et sa grand-mère dans une maison d'un petit domaine viticole. Son père ne pense qu'à partir à Paris pour ouvrir une boutique. Soudain, sa grand-mère meurt. Son caractère fort protégeait la famille du père. La menace enfle et s'insinue chez Augustin, entre doutes, peurs et mensonges.

Les habitudes littéraires d'Olivier Mau le pousse à adopter un style très narratifs dans ses bandes-dessinées. On suit donc davantage les pensées d'Augustin et les dialogues sont relativement rares sur les quatre-vingts pages de l'ouvrage. La narration est bien menée, avec des flashbacks pertinents qui permettent de mieux asseoir les personnages et les conflits internes de la famille. Jusqu'à une fin comme toujours très noire dans les ouvrages d'Olivier Mau.

« Au revoir Monsieur » tient avant tout par son ambiance, plus que par son scénario, finalement très simple. On suit donc Augustin, traumatisé dans sa propre demeure, où (mauvais) souvenirs et tensions s'accumulent. Le garçon essaie de fuir tout cela en s'enfuyant sans cesse dans la campagne environnante. Le contraste entre la campagne (où il rencontre une jeune femme) et la maison (où la police, son père et sa mère le tiraillent) est mené subtilement. Plus que jamais, on va laver son linge sale en famille... Les rapports de force sont au centre de cette histoire

Le dessin de Mabesoone m'avait déjà conquis et c'est encore le cas cette fois-ci. Son trait est relâché et terriblement noir. Les visages sont taillés à la serpe, renforcés par le noir et blanc pur. Dans la maison, les aplats noirs s'accumulent, contrairement aux extérieurs plein de lumière. L'histoire se basant avant tout sur les pensées de l'auteur ou des dialogues assez statiques, Mabesoone a d'autant plus de mérite de leur donner vie. Du beau travail !

Malgré toutes ses qualités, « Au revoir, Monsieur » manque un peu de rythme et de consistance pour convaincre plus fortement. Les quatre-vingts pages semblent un peu s'étirer en longueur et le scénario présente finalement peu de surprise. Certes l'ambiance est là mais a vite tendance à tourner en rond. Une fois le postulat de départ posé, on sent que les auteurs ont du mal à réellement surprendre le lecteur. Une lecture agréable servie par un dessin à forte personnalité.
belzaran
6
Écrit par

Créée

le 18 juil. 2011

Critique lue 172 fois

1 j'aime

belzaran

Écrit par

Critique lue 172 fois

1

Du même critique

Le Chemisier
belzaran
4

Quelle vacuité !

Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...

le 22 févr. 2019

38 j'aime

L'Âge d'or, tome 2
belzaran
7

Une impression d'inachevé

Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...

le 24 févr. 2021

24 j'aime

1