Geoff Johns est un scénariste qui sait faire preuve parfois d'un honnête petit talent. Son travail sur Green Lantern, Superman, Teen Titans et surtout sur la Justice Society of America sont de très bonnes factures. Ce sont des bons comics mainstream.
Il a signé également de nombreuses daubes et Justice League en fait partie.
Ce Justice League de Johns et Lee est une série phare de chez DC comics, et reste au vu de son succès public et critique un run qui restera injustement dans l'histoire, du moins celle à très court terme. Pourtant, c'est sacrément con et creux...
Cette série fait partie avec certaines séries Marvel et DC des séries très "cinématographiquo-blockbuster" qui ressemblent plus à des projets en vue d'être adapté au cinéma qu'à de vraies bonnes séries de comics.
En fait, "Aux origines" et ses suites ressemblent tellement à de mauvais blockbusters cinématographiques qu'ils en adoptent les contraintes et le formatage des productions à gros budgets.
Un film blockbuster est tellement coûteux, et le risque d'échec d'un film est tellement à éviter qu'une armada de costard cravate vient lisser le film jusqu'à ce qu'il devienne aussi creux et lisse que toute sa concurrence. Pourtant dans ces produits qui coûtent des millions, de temps en temps certains films sortent du lot.
Mais alors, pourquoi sortir des comics encore plus cons, sans âme, creux et lisses que les plus mauvais films blockbusters? Pourquoi singer ce qu'il y a de pire dans les blockbusters? Ce n'est certainement pas la faute entière à Johns mais aux éditoriaux de chez DC.
On singe ce qu'il y a de plus nul dans les blockbusters alors que le cinéma et la BD sont deux médias différents qui n'ont rien à voir. Le Batman de Morisson, le Spiderman de Slott sont des gros succès comics récents et gardent une patte imaginative, explosive, non pseudo réaliste propre à la BD.
Quand on écrit un comics, on a plus de libertés qu'un film. Ça ne coûte pas plus cher de dessiner un appart à New York qu'une guerre de Green Lantern.
De plus, dans un BD fonctionnent des éléments qui ne fonctionneraient pas dans un film. Un mec qui a un nom de légumes avec des cheveux qui blondissent quand il s'énerve et s'entraine à se battre avec un vieil homme vicelard vivant dans une carapace ca a du mal à s'adapter sérieusement.
C'est comme pour le jeu vidéo, on aurait du mal à sortir un film sérieux et correct sur un plombier italien qui se nourrit de champignons, de fleurs et de plumes et qui rentre dans des tuyaux pour sauver un princesse en compagnie d'un sosie à moustache verte.
Alors quel est intérêt de lire un truc aussi lisse et creux quand le potentiel de la BD est si riche?
Il y a tant de possibilités.
Je ne rejette pas pour autant tout ce qui s'inspire de la TV-Cinéma.
Certaines séries ont un coté feuilletonesque télévisuel "pseudo réaliste" comme Gotham Central mais essaye de s'inspirer de ce qu'il se fait de mieux à la TV pour sortir une série noire, tendue, hardboiled et haletante.
La Justice League de Johns, c'est un concentré de personnages cons et creux, totalement lissés au point où le Aquaman vieux, barbu et un peu taré devient un beau gosse blond tout droit sorti d'une série TV Marvel ou DC. Les autres liftings de DC sont du même accabit.
Un concentré d'action moche sans enjeu et sans histoire où tout se déroule mécaniquement jusqu'à la grosse scène finale aussi laide que celle de fin de Wonder Woman/ Sucide Squad.
Un bestiaire pauvre et rebattu alors qu'on y affronte Darkseid (un tyran d'un autre monde) et ses sbires. Des possibilités d'histoires riches jamais réalisées puisqu'on y évoque toute le Darkseid Universe (les paradémons, l’esclavage, Desaad, la grande mère...).
Le bad guy le plus passionnant de l'univers DC réduit à un simple bad guy Monstre de fin de blockbuster débile.
Le Justice League de Johns n'a aucune âme et ne propose rien d'autre de plus qu'une très mauvaise production ciné ultra formaté.
Merde, c'est de la BD, soyez fous, faites exploser les univers à la Kirby, créer nous de grandes mythologies à la Byrne, inventez moi des concepts SF surprenants à la Morrisson, plonger nous dans des ambiances nostalgiques à la Cooke, rendez nous accros à des scénarios jouissifs à la Waid.... et encore il n'existe pas qu'eux et l'imaginaire ne se réduit pas à quelques noms, il n'est pas fermé donc je sais que je peux lire encore des centaines d'histoires différentes, surprenantes et haletantes comme on en trouve seulement dans le 9ème art.